

Après 18 mois de gestion marqués par une nette amélioration des résultats, Rachid Batita voit son mandat prolongé par le ministère des Finances. Une décision qui récompense un redressement financier remarquable de la doyenne des banques publiques.
Le ministère des Finances a tranché. Par décision du 3 décembre 2025, Rachid Batita est maintenu à la tête de la Société Tunisienne de Banque. Un signal fort des autorités de tutelle qui valident ainsi les résultats obtenus depuis sa nomination en juin 2024, à l'issue d'un appel à candidatures.
Pour le ministère, les chiffres sont sans appel : la STB a renoué avec une croissance soutenue de ses principaux indicateurs financiers, justifiant pleinement cette prolongation. Rachid Batita, fort de plus de trois décennies d'expérience au sein de l'établissement - où il a notamment dirigé les ressources humaines pendant 30 ans avant de piloter successivement les pôles support puis commercial - a su démontrer sa capacité à redresser la barre.
Ce redressement ne convainc pas seulement la tutelle, il séduit également les investisseurs. Le titre STB a enregistré une performance boursière exceptionnelle de 41,08% depuis le début de l'année 2025, passant de 2,970 dinars en janvier à 4,190 dinars à la clôture de la séance du 5 décembre. Une appréciation spectaculaire qui reflète la confiance du marché dans la trajectoire de redressement de la banque et qui place l'action STB parmi les meilleures performances du secteur bancaire tunisien en 2025.
La raison principale de cette décision se lit dans les états financiers. L'exercice 2024 affiche un bénéfice net de 82,5 millions de dinars, soit un bond spectaculaire de 63% par rapport aux 50,6 millions de dinars de 2023. Un redressement d'autant plus remarquable qu'il absorbe un redressement fiscal de 18,8 millions de dinars lié à une vérification portant sur la période 2019-2020.
La dynamique se poursuit au premier semestre 2025 avec un bénéfice net de 22,3 millions de dinars, en progression de 54,5% par rapport à la même période de 2024. Une trajectoire qui projette la banque vers une année 2025 encore plus performante.
L'autre argument massue réside dans l'évolution du Produit Net Bancaire. Au premier semestre 2025, le PNB bondit de 10,9% pour atteindre 350,4 millions de dinars, contre 316 millions un an plus tôt. Cette croissance retrouvée contraste avec la légère érosion observée en 2024 (-5,2%) et démontre l'efficacité de la stratégie mise en œuvre.
Le secret de cette remontée ? Une diversification réussie des sources de revenus. Les revenus du portefeuille d'investissement explosent de 58,6%, portés par des souscriptions massives aux emprunts nationaux qui rapportent 170,2 millions de dinars sur six mois. Cette performance compense largement l'impact de la loi 2024-41 qui a contraint la banque à réduire les taux d'intérêt sur certains crédits à long terme.
Si les résultats financiers justifient la confiance accordée, le ministère n'ignore pas les défis qui persistent. Les commissaires aux comptes ont maintenu leurs réserves, pointant notamment la non-conformité persistante de la comptabilité multidevises et l'accumulation de suspens bancaires non régularisés dépassant 800 millions de dinars. Les comptes figés dans les bilans (plus de 200 millions de dinars) attendent également d'être apurés.
Autant de dossiers techniques qui nécessitent une attention soutenue mais qui n'ont pas pesé suffisamment pour remettre en cause la prolongation du mandat, le ministère privilégiant la continuité dans le pilotage de ces chantiers complexes.