Tunisie : 25 milliards de dinars en cash et plus 300 000 comptes bancaires menacés

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juin 9, 2025, 6:05 PM

Invité de l'émission Expresso sur les ondes d'Express FM, l'expert comptable et consultant financier Sofiene Ourimi a décrypté les dernières tendances des moyens de paiement en Tunisie. Entre la chute prévisible de l'usage du chèque au profit du cash et la menace qui pèse sur des centaines de milliers de comptes bancaires "dormants".

Moins de chèques, plus de cash : l'économie informelle grande gagnante

S'appuyant sur la dernière publication trimestrielle de la Banque Centrale de Tunisie sur les paiements, Sofiene Ourimi a d'abord confirmé la baisse significative et attendue de l'utilisation du chèque, conséquence directe de la nouvelle loi. Cependant, le point le plus alarmant de son analyse est que ce recul n'a pas été absorbé par d'autres moyens de paiement traçables comme la lettre de change ou les cartes bancaires, mais bien par les transactions en espèces. "Cette baisse a été remplacée essentiellement par le cash, ce qui confirme que nous nous enfonçons davantage dans l'économie informelle", a souligné l'expert. Ce constat est corroboré par un autre chiffre record, puisque le volume des billets de banque en circulation a atteint le niveau historique de 25 milliards de dinars, un montant qui reflète une préférence croissante pour les liquidités au détriment du système bancaire formel.

Des centaines de milliers de Tunisiens risquent de perdre leurs comptes dormants

L'autre sujet majeur abordé par Sofiene Ourimi est celui des comptes bancaires et avoirs non réclamés. Il a rappelé que, conformément à la loi de finances 2025, les fonds des comptes restés inactifs pendant une longue période seront transférés à la Trésorerie de l'État. Ce délai est fixé à cinq ans pour les comptes courants, et à quinze ans pour les autres types de comptes comme les livrets d'épargne. L'expert précise que l'inactivité est définie par l'absence de toute opération initiée par le client lui-même, les intérêts versés par la banque n'étant pas considérés comme une preuve d'activité. Sofiene Ourimi a révélé des chiffres impressionnants : pour seulement quatre banques, plus de 300 000 comptes sont déjà concernés. Le véritable problème, selon lui, réside dans la complexité de la procédure de consultation. Contrairement à des systèmes plus modernes comme en France, la Tunisie a opté pour une publication des listes dans le Journal Officiel (JORT) sous un format peu pratique. "Les listes sont publiées sous forme de PDF scannés, non consultables par recherche, parfois en arabe et sans ordre alphabétique. Il est pratiquement impossible pour un citoyen de retrouver son nom", a-t-il déploré.

Face à cette situation, l'expert appelle les citoyens à la plus grande vigilance. Il conseille à toute personne suspectant l'existence d'un compte oublié, que ce soit à son nom ou au nom d'un proche décédé, de prendre les devants. La première étape est de contacter directement les banques où un compte aurait pu être ouvert. Il est également possible, bien que fastidieux, de consulter les listes publiées sur le site de l'Imprimerie Officielle. L'essentiel est d'agir avant les échéances, sachant que même après le transfert des fonds à l'État, les propriétaires ou leurs héritiers disposent d'un délai supplémentaire de 15 ans pour les réclamer auprès de la Trésorerie, via une commission dédiée.

Pour approfondir ces sujets et découvrir l'analyse complète de l'expert Sofiene Ourimi, retrouvez l'intégralité de son intervention dans l'émission Expresso en cliquant sur le lien suivant :

▶️  Regardez l'interview complète ici sur la chaîne YouTube d'Express FM

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