Tunisie : suppression de la taxe de consommation pour les voitures électriques

La loi de finances 2026 marque un tournant dans la politique automobile tunisienne avec des exonérations massives sur les véhicules électriques et hybrides rechargeables. Une stratégie claire de transition énergétique qui pourrait bouleverser le marché automobile tunisien.

Un virage fiscal majeur pour la transition énergétique

Dans un contexte de transition énergétique et de lutte contre la pollution, le gouvernement tunisien a introduit, à travers la loi de finances 2026, de nouvelles mesures visant à encourager la mobilité durable. Les véhicules électriques et hybrides rechargeables bénéficient désormais d'avantages fiscaux sans précédent, avec des exonérations totales ou quasi-totales de taxes. Une révolution pour un marché automobile tunisien encore largement dominé par les motorisations thermiques, où l'achat d'un véhicule neuf reste lourdement taxé avec des droits pouvant atteindre 100% à 150% du prix d'origine selon les modèles.

La mesure phare concerne les voitures 100% électriques qui bénéficient d'une exonération totale de la taxe de consommation et d'une TVA réduite à 7% au lieu des taux habituels pouvant atteindre 19%. Les véhicules hybrides rechargeables, ces modèles équipés à la fois d'un moteur thermique et d'un moteur électrique rechargeable sur secteur, profitent également de cette exonération totale de la taxe de consommation.

Des avantages qui changent la donne

Pour comprendre l'ampleur de la révolution, il faut mesurer l'écart avec la fiscalité actuelle. Aujourd'hui, l'achat d'une voiture thermique classique en Tunisie peut coûter jusqu'à deux fois et demie son prix d'origine une fois toutes les taxes appliquées. Une voiture valant 40 000 dinars hors taxes peut ainsi atteindre 100 000 dinars prix final. Avec les nouvelles mesures, une voiture électrique du même segment pourrait être proposée à 50 000-60 000 dinars, soit une économie potentielle de 40 000 à 50 000 dinars.

La loi de finances va même plus loin en facilitant l'infrastructure de recharge. Les équipements de recharge pour véhicules électriques, appelés "bornes de recharge" ou "wallbox", voient leurs droits de douane réduits à 10% et la TVA abaissée à 7%, contre des taux bien supérieurs auparavant. Cette mesure, valable jusqu'au 31 décembre 2028, vise à lever l'un des freins majeurs à l'adoption des véhicules électriques : le manque d'infrastructures de recharge. Les taxis souhaitant se convertir à l'électrique bénéficient également d'un soutien spécifique avec des crédits bonifiés financés par le Fonds de Transition Énergétique, permettant de réduire jusqu'à 3 points le taux d'intérêt sur leurs emprunts. Les auto-écoles intéressées par l'achat de véhicules électriques pour la formation peuvent également profiter de ce dispositif de bonification.

Hybrides classiques : taxes réduites de moitié

Si les véhicules électriques et hybrides rechargeables sont les grands gagnants, les hybrides classiques (non rechargeables) ne sont pas oubliés. Ces véhicules, équipés d'un moteur essence et d'un moteur électrique mais sans possibilité de recharge externe, bénéficient d'une réduction de 50% de la taxe de consommation. Pour une voiture thermique équivalente taxée à 100%, l'hybride classique ne sera taxé qu'à 50%. 

Cette mesure concerne spécifiquement les véhicules dont le moteur essence ne dépasse pas 1700 cm³ de cylindrée et les moteurs diesel limités à 2100 cm³, ciblant ainsi les segments moyens et accessibles du marché.

Un autre avantage majeur concerne les taxes annuelles. Les véhicules électriques et hybrides rechargeables sont exemptés de la vignette automobile et du droit de circulation annuel, ces taxes que tout propriétaire de véhicule doit normalement payer chaque année. Sur la durée de vie d'un véhicule (10-15 ans), cette économie peut représenter plusieurs milliers de dinars supplémentaires. 

Une opportunité historique sous conditions

Les mesures de la loi de finances 2026 représentent une opportunité historique pour démocratiser les véhicules électriques et hybrides en Tunisie. Les avantages fiscaux sont réels, pouvant représenter des économies de plusieurs dizaines de milliers de dinars. Cependant, cette transition ne se fera pas du jour au lendemain. Les défis infrastructurels, le prix encore élevé des véhicules, et les habitudes d'utilisation constituent des freins importants qui nécessiteront du temps pour être levés.