
L'État tunisien déploie un arsenal inédit de mesures de soutien aux entrepreneurs à travers la loi de finances 2026. Plus de 118 millions de dinars sont mobilisés pour accompagner les porteurs de projets, des jeunes diplômés aux petits agriculteurs, en passant par les PME en difficulté.
Dans un contexte économique fragile et face à un taux de chômage toujours élevé, le gouvernement fait de l'entrepreneuriat un levier central de relance. La loi de finances 2026 prévoit ainsi huit dispositifs de financement distincts, principalement alimentés par le Fonds National de l'Emploi, avec pour objectif de favoriser la création de projets, le maintien des entreprises existantes et la dynamisation des régions. Une enveloppe globale de 118 millions de dinars est ainsi mise sur la table, couvrant un large spectre d'acteurs économiques.
Le dispositif phare concerne les jeunes porteurs de projets. Avec une enveloppe de 23 millions de dinars, l'État propose des prêts sans intérêts et sans garanties pour financer l'apport personnel nécessaire au démarrage d'une activité.
La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS), chargée de gérer ce programme, devra toutefois faire face à une demande qui s'annonce massive. Les dossiers sont acceptés sur toute l'année 2026.
Parallèlement, 15 millions de dinars sont spécifiquement dédiés aux projets implantés dans les gouvernorats les moins développés. Une politique de rééquilibrage territorial que l'État tente de mettre en œuvre depuis plusieurs années, avec des résultats mitigés jusqu'à présent.
Les taux d'intérêt proposés seront préférentiels, mais les conditions exactes restent à préciser par voie réglementaire.
Les petites et moyennes entreprises, souvent asphyxiées par le manque de trésorerie, bénéficient d'une ligne de crédit de 10 millions de dinars spécifiquement dédiée à leurs besoins d'exploitation courante : paiement des salaires, achat de stocks, charges fixes.
La Banque de Financement des PME (BFPME) pilotera ce programme jusqu'à fin 2027, offrant ainsi une visibilité sur deux ans aux entreprises concernées.
Le financement des sociétés communautaires bénéficie d'une enveloppe renforcée de 35 millions de dinars, le programme étant prolongé jusqu'à fin 2027. Bien que présentées comme un levier de développement local et d'emploi dans les zones rurales, ces structures collectives peinent encore à démontrer leur efficacité concrète sur le terrain.
Dans une logique d'inclusion sociale, 20 millions de dinars sont consacrés aux catégories vulnérables et aux familles à faible revenu. Les prêts accordés, plafonnés à 10 000 dinars par bénéficiaire, sont sans intérêts et remboursables sur une période pouvant atteindre six ans, afin d'encourager l'auto-emploi et les petites activités génératrices de revenus.
Le secteur agricole bénéficie également d'une attention particulière avec l'allocation de 10 millions de dinars sous forme de crédits saisonniers bonifiés en faveur des petits exploitants. Ce mécanisme, géré par la BTS, couvre la saison agricole 2025-2026, dans un contexte marqué par des conditions climatiques difficiles et une hausse des coûts de production.
Enfin, un budget de 5 millions de dinars est dédié aux projets portés par des personnes en situation de handicap. Ces projets bénéficient non seulement d'un financement adapté, mais aussi d'un accompagnement spécifique et d'avantages fiscaux, notamment la suspension de la TVA sur certains équipements.
Au-delà des lignes de financement directes, la loi de finances 2026 intègre des dispositifs de soutien indirect souvent méconnus mais potentiellement très avantageux. La mesure phare consiste en une prise en charge par l'État de jusqu'à 3 points de différence entre le taux d'intérêt bancaire et le taux du marché monétaire pour les crédits d'investissement.
Le dispositif s'applique aux secteurs productifs (agriculture, industrie, services) à l'exclusion du commerce, de l'immobilier et de la finance, et reste valable jusqu'à fin 2027.
Sur le plan fiscal, les entreprises qui recrutent des diplômés de l'enseignement supérieur en 2026 verront l'État prendre en charge 100% des cotisations patronales la première année, avec une dégressivité progressive sur cinq ans : 80% la deuxième année, 60% la troisième, 40% la quatrième et 20% la cinquième. Les équipements importés ou acquis localement pour des projets d'investissement bénéficient également de suspensions de TVA et d'exonérations douanières dans certains cas.