FMI : La Tunisie face au défi d'une croissance limitée à 1,4% en 2025

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anis habibi avr. 23, 2025, 9:36 AM

Dans un contexte économique mondial marqué par des incertitudes croissantes, la Tunisie devrait connaître une croissance modeste de 1,4% en 2025, selon les dernières projections du Fonds Monétaire International (FMI) publiées ce mardi 22 avril. Ce chiffre, identique à la performance enregistrée en 2024 où l'économie tunisienne avait déjà affiché une croissance de 1,4%, témoigne d'une stagnation persistante. Sur le front de l'inflation, le FMI anticipe un taux de 6,1% pour 2025, en légère hausse par rapport aux 5,9% enregistrés en mars dernier, illustrant les défis auxquels le pays continue de faire face en matière de stabilité des prix.

La Tunisie à la traîne dans la région nord-africaine

Ces projections placent la Tunisie en position défavorable par rapport à ses voisins d'Afrique du Nord. Avec une croissance anticipée de seulement 1,4%, le pays affiche la performance la plus faible de la région, loin derrière le Maroc qui devrait connaître une croissance robuste de 3,9% en 2025. De même, l'Égypte et l'Algérie présentent des perspectives plus dynamiques avec des taux de croissance respectifs de 3,8% et 3,5%.

Sur le front de l'inflation, la situation tunisienne demeure préoccupante. Avec un taux projeté à 6,1%, la Tunisie se positionne à un niveau intermédiaire dans la région. Le Maroc affiche la meilleure performance avec une inflation maîtrisée à 2,2%, tandis que l'Algérie maintient également une relative stabilité des prix avec 3,7%. L'Égypte, en revanche, continue de faire face à une inflation galopante de 19,7%, qui érode fortement le pouvoir d'achat des ménages égyptiens malgré une croissance économique soutenue.

Le ralentissement mondial s'accentue

Au niveau mondial, le FMI alerte sur un net ralentissement de la croissance qui devrait s'établir à 2,8% en 2025, contre 3,3% anticipés en janvier dernier. Cette révision significative découle principalement de l'implémentation de droits de douane massifs par les États-Unis et des mesures de rétorsion qui en découlent, renforçant les incertitudes et alimentant l'instabilité des marchés financiers.

Les chiffres sont particulièrement préoccupants pour les économies avancées. La croissance des pays avancés ne devrait atteindre que 1,4% en 2025, avec des performances contrastées selon les régions. Les États-Unis afficheraient une croissance de 1,8%, tandis que la zone euro plafonnerait à 0,8%. L'Allemagne, première économie européenne, stagnerait, après une récession de 0,2% en 2024. La France connaîtrait quant à elle une croissance modeste de 0,6%.

L'Asie émergente : un moteur ralenti mais toujours puissant

Malgré le ralentissement général, l'Asie émergente maintient une dynamique plus favorable avec une croissance prévue de 4,5%. L'Inde continue de tirer la région vers le haut avec 6,2% de croissance anticipée, tandis que la Chine ralentit progressivement à 4,0%. Cette performance relativement solide de l'Asie émergente contraste avec les difficultés rencontrées par d'autres régions émergentes, dont l'Afrique du Nord et notamment la Tunisie.

Les défis spécifiques à la Tunisie

Pour la Tunisie, la faible projection de croissance (1,4%) révèle la persistance de difficultés structurelles. La croissance atone s'explique notamment par plusieurs facteurs :

Une demande interne fragilisée par l'inflation persistante à 6,1% Des difficultés d'accès au financement international malgré les efforts de réformes Une dépendance excessive aux secteurs traditionnels comme le tourisme, particulièrement sensibles aux aléas internationaux Des déséquilibres budgétaires persistants qui limitent la marge de manœuvre de l'État

Ces projections modestes s'inscrivent dans un contexte où la Tunisie peine toujours à retrouver une dynamique économique solide depuis les bouleversements politiques des années 2010.

Perspectives et recommandations

Face à ces défis, le FMI recommande à la Tunisie, comme aux autres économies émergentes en difficulté, d'accélérer les réformes structurelles visant à diversifier l'économie et améliorer le climat des affaires. L'organisation internationale souligne également l'importance d'une meilleure inclusion de la main-d'œuvre, notamment les femmes et les jeunes, ainsi que le renforcement de la résilience budgétaire.

Pour la Tunisie, l'année 2025 s'annonce donc comme une période charnière. Dans un environnement mondial marqué par le ralentissement de la croissance et la montée des tensions commerciales, le pays devra redoubler d'efforts pour améliorer sa performance économique et réduire progressivement son inflation.

La stabilité politique interne, la clarté des politiques publiques et une ouverture maîtrisée au commerce international constitueront les piliers essentiels d'une reprise plus vigoureuse pour l'économie tunisienne. Dans une économie mondiale en pleine recomposition, la capacité d'adaptation et la qualité des réformes mises en œuvre seront déterminantes pour permettre à la Tunisie de réduire l'écart qui se creuse avec ses voisins régionaux.

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