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Quand Trump bouscule Wall Street : anatomie d'une économie en transition

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mars 13, 2025, 2:18 PM

Depuis son investiture, Donald Trump a généré des controverses et des perturbations significatives sur les marchés financiers. Ces dernières semaines, nous observons des phénomènes inhabituels qui remettent en question certains principes fondamentaux de la finance : des corrélations historiques qui ne tiennent plus, une liquidation importante et inattendue du S&P 500, indice pourtant considéré comme incontournable.

Face à cette situation, plusieurs questions cruciales se posent : les politiques de Trump risquent-elles de nuire à l'économie américaine qu'il prétend défendre ? Quels facteurs expliquent la contre-performance actuelle des marchés américains ? Sur quels mécanismes et fondements l'économie américaine s'appuie-t-elle pour ajuster et potentiellement modifier ses politiques monétaires en réponse à ces défis ?

Peut-on déjà parler d'une récession ?

Associer l'idée de récession aux États-Unis paraît contre-intuitif, particulièrement après une croissance robuste avoisinant les 3% l'année dernière. Toutefois, cette performance antérieure ne suffit pas à écarter définitivement l'hypothèse d'un ralentissement économique. Les indicateurs actuels suggèrent plutôt que l'économie américaine traverse ce que les économistes nomment un "soft landing" — une décélération maîtrisée où la croissance demeure positive mais à un rythme inférieur aux périodes précédentes. Plusieurs facteurs étayent cette analyse :

Premièrement, la situation de l'emploi reste solide, avec un taux de chômage stable à 4% et une dynamique de création d'emplois qui s'accélère — 151 000 nouveaux postes en février contre 125 000 en janvier. Cette vigueur du marché du travail est incompatible avec un scénario de récession classique.

Deuxièmement, les marchés obligataires témoignent d'une confiance persistante des investisseurs. Le rendement des bons du Trésor à 10 ans a atteint 4,8% en février, son plus haut niveau depuis octobre 2023, signalant une perspective positive à moyen terme. Cette hausse des rendements obligataires reflète la confiance des investisseurs dans la solvabilité américaine, tandis que l'anticipation d'un assouplissement monétaire par la Réserve fédérale contribue à modérer ces taux.

Un point important qui permet de prouver le soft landing de l’économie sans avoir touché à une récession est le non croisement des courbes des taux court et long terme. Un indicateur très important indique que si les deux courbes se croisent, on peut donc parler d’une récession.

L’explication de la performance du marché américain

Après une performance exceptionnelle de 23%, personne ne peut nier que le S&P500 a levé la barre bien haute en 2024. Les investisseurs institutionnels et particuliers vont s’attendre alors à une performance meilleure ou proche de celle de l’année dernière.

Mais les décisions tarifaires de Trump ont créé des doutes et des incertitudes sur les marchés, et s’il y a une information qu’on connaît, c’est que les Etats Unis n’aiment pas surprendre ses investisseurs c’est pour cette raison que la Fed annonce en avance ses changements de taux, et que Trump répète toujours les taxes à appliquer pour certains pays concurrents.

Peut-on donc parler d’une correction du marché américain ? Selon BlackRock non, on assiste juste à un ralentissement de la croissance. Il suffit de regarder les chiffres pour voir qu’une croissance d’environ 15% des plus grandes entreprises en 2025 est probable, d’où une croissance du marché à 10%-15% à évaluation égale, une baisse d’environ 8% par rapport à l’année dernière. 

La théorie des marchés : The alchemy of finance  

L’effet d’incertitude a également touché le comportement des investisseurs. David Kostin, stratégiste Goldman Sachs montre grâce à sa théorie de marché que le marché des actions est très sensible aux narratives. « Dans le marché des actions, la réflexivité entre en jeu lorsqu’un certain mécanisme est déclenché et que le parti pris des participants change. Dit simplement, les prétendus fondamentaux, censés déterminer les cours du marché, n’ont plus d’importance »

C’est exactement ce qu’on voit aujourd’hui, une phase de consolidation causée par une “graine de sable” qui a perturbé le fonctionnement de la machine. Les premiers vendeurs ont été un peu la cause d’un déséquilibre entre l’offre et la demande dans le marché et ont creusé le sentiment d’incertitude chez les détenteurs qui croient encore au potentiel de croissance des entreprises. 

La nature de l’économie américaine

La manière dont fonctionne l’économie américaine depuis 2016, est basée sur des budgets en déficit massif notamment un déficit égal à 6.4% du PIB pour l’année fiscale 2024 clos le 30 Septembre, mais ça reste dédié à financer l’investissement. Donc, arriver à faire dérailler une économie avec 6.4% de déficit budgétaire est du jamais vue, mais que les Etats Unis arrivent depuis des années à se financer.

Un point qu’on peut reprocher à Trump et Elon, c’est qu’une économie dont la monnaie repose exclusivement sur la dette comme les Etats Unis, ne peut pas survivre sans dette. Donc si l’Etat arrête brutalement de dépenser, la masse monétaire risque de se contracter et entraîner l’économie entière dans le ravin.

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