La BH Bank vient de publier ses états financiers pour l'exercice clos au 31 décembre 2024, dévoilant une situation contrastée qui reflète les défis auxquels l'institution est confrontée dans un environnement économique et réglementaire en mutation.
Le Produit Net Bancaire (PNB) affiche une progression encourageante de 11,9%, atteignant 744,2 millions de dinars contre 665 millions en 2023. Cette amélioration repose principalement sur la hausse des intérêts et revenus assimilés (1,08 milliard de dinars, +3,9%) et des commissions bancaires (159,6 millions de dinars, +10,3%). Cette performance témoigne de la capacité de la banque à développer ses activités commerciales malgré un contexte économique exigeant.
L'augmentation des commissions bancaires reflète notamment une diversification des sources de revenus et une intensification des activités de services, avec une progression notable des commissions d'études (+48,1%) et des commissions de gestion (+50,5%).
Le résultat net s'établit à 108,5 millions de dinars, en recul marqué de 22,5% par rapport aux 140 millions enregistrés en 2023. Cette détérioration s'explique par plusieurs facteurs convergents particulièrement préoccupants.
La qualité du portefeuille crédit de BH Bank s'est considérablement dégradée, comme en témoigne l'explosion des provisions qui ont atteint 275,2 millions de dinars en 2024, soit une hausse alarmante de 72,1% par rapport à 2023. Cette augmentation massive reflète une détérioration du profil de risque des engagements de la banque.
Par ailleurs, les commissaires aux comptes ont identifié un problème majeur concernant un groupe d'affaires du secteur oléicole, représentant un engagement colossal de 450,7 millions de dinars. Bien que classé parmi les actifs sains, des événements postérieurs à la clôture révèlent une détérioration inquiétante de la qualité de crédit de cette contrepartie. Les auditeurs recommandent un reclassement en créance incertaine, ce qui pourrait impacter significativement les résultats futurs de la banque.
La rentabilité de BH Bank a également été affectée par l'application de l'article 412-III de la loi 41/2024 portant amendement du Code de Commerce. Cette disposition législative contraint la banque à réduire de moitié les taux d'intérêt sur certains crédits en cours de remboursement ou nouveaux crédits dont la durée totale dépasse sept ans.
L'encours concerné s'élève à 1,03 milliard de dinars, et la banque estime que la minoration des intérêts contractuels atteindrait 155,8 millions de dinars sur la période 2025-2046. Pour l'exercice 2024, la banque a déjà provisionné 1,4 million de dinars pour couvrir l'impact immédiat de cette mesure, pesant directement sur son résultat.
Ajoutant aux préoccupations, BH Bank a fait l'objet d'une vérification fiscale approfondie couvrant la période du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2022. Notifiée en octobre 2024, cette procédure pourrait engendrer des passifs supplémentaires. La banque indique avoir constitué des provisions pour couvrir ce risque. La banque a simplement indiqué avoir constitué les provisions nécessaires pour couvrir ces risques fiscaux, sans communiquer de montants précis.
Le total bilan de la banque a progressé de 7,7% pour atteindre 14,55 milliards de dinars. Cette croissance s'appuie sur une augmentation des créances sur la clientèle (+4,3% à 10,65 milliards) et un renforcement significatif du portefeuille d'investissement (+40,0% à 3,12 milliards).
Côté ressources, la banque a consolidé sa base de dépôts clientèle (+2,9% à 9,01 milliards) et accru son recours aux financements interbancaires (+31,1% à 2,36 milliards), ainsi qu'aux emprunts et ressources spéciales (+14,6% à 1,56 milliard).
Face à ces multiples défis, BH Bank devra impérativement renforcer sa gestion des risques et adapter son modèle d'affaires aux contraintes réglementaires. La résolution des problèmes liés aux grands engagements, particulièrement dans le secteur oléicole, constitue une priorité stratégique pour préserver la qualité du portefeuille.
L'adaptation au nouveau cadre réglementaire sur les taux d'intérêt nécessitera une refonte du modèle de tarification et de rentabilité, tandis que la clarification de la situation fiscale sera déterminante pour lever les incertitudes pesant sur les résultats futurs. Par ailleurs, les commissaires aux comptes ont relevé des insuffisances importantes dans le système d'information de la banque, un point que l'établissement devra impérativement améliorer pour garantir la fiabilité de ses processus comptables et de reporting.
Dans ce contexte, le Conseil d’administration a proposé la distribution d’un dividende de 0,800 dinar par action, en recul par rapport aux 1,100 dinar versés au titre de l’exercice 2023, un signal prudent envoyé aux actionnaires, reflétant les tensions sur la rentabilité.