Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement après avoir battu quatre autres candidats au terme de trois tours de voting. Cette élection historique s'est déroulée lors des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque qui se tiennent à Abidjan, en Côte d'Ivoire, du 26 au 30 mai 2025.
Le nouveau président de la BAD, qui prendra officiellement ses fonctions le 1er septembre 2025 pour un mandat de cinq ans, succède au Nigérian Akinwumi Adesina, dont le second mandat arrive à échéance. Fort de plusieurs décennies d'expérience, M. Tah devient ainsi le neuvième dirigeant de cette institution panafricaine depuis sa création en 1964.
Sidi Ould Tah apporte à ses nouvelles fonctions plus de 35 ans d'expérience en finance africaine et internationale. Son mandat à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) de 2015 à 2025 témoigne de ses capacités de transformation institutionnelle. Sous sa direction, la BADEA a connu une croissance spectaculaire : son bilan a été multiplié par quatre, l'institution a obtenu une notation AAA et s'est positionnée parmi les banques de développement les mieux notées du continent.
Ancien ministre de l'Économie et des Finances de la Mauritanie, M. Tah a également occupé des postes stratégiques dans diverses institutions multilatérales. Il s'est particulièrement distingué dans la gestion de crises, les réformes financières et la mobilisation innovante de ressources pour l'Afrique, notamment à travers la mise en place du programme de capital appelable d'un milliard de dollars de la BADEA destiné aux banques multilatérales de développement africaines.
L'élection s'est déroulée selon les standards démocratiques de la BAD, sous la supervision du Conseil des gouverneurs composé des ministres des Finances et de l'Économie ou des gouverneurs des banques centrales des 81 pays membres régionaux et non régionaux du Groupe de la Banque. Cette instance constitue la plus haute autorité décisionnelle de l'institution.
Les résultats ont été annoncés par Niale Kaba, ministre du Plan et du Développement de la Côte d'Ivoire et présidente du Conseil des gouverneurs. Pour être élu, le candidat devait obtenir au moins 50,01% des voix à la fois dans les catégories régionales et non régionales.
M. Tah s'est imposé face à quatre autres candidats de haut niveau :
- Amadou Hott (Sénégal)
- Samuel Maimbo (Zambie)
- Mahamat Abbas Tolli (Tchad)
- Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud)
Ces candidatures avaient été officiellement validées avant la date limite du 31 janvier 2025 et annoncées publiquement le 21 février 2025.
L'élection de Sidi Ould Tah intervient à un moment crucial pour le continent africain. Malgré sa résilience face aux chocs climatiques, aux perturbations économiques et aux évolutions géopolitiques, l'Afrique doit accélérer ses efforts de développement pour atteindre les objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et les Objectifs de développement durable.
Les "High 5" du Groupe de la Banque - ses priorités stratégiques - guideront l'action du nouveau président : éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie, nourrir l'Afrique, industrialiser l'Afrique, intégrer l'Afrique et améliorer la qualité de vie des populations africaines.
Le Groupe de la Banque africaine de développement, créé en 1964, comprend trois entités distinctes : la Banque africaine de développement, le Fonds africain de développement et le Fonds spécial du Nigéria. L'institution compte 81 pays actionnaires, dont 54 pays africains (membres régionaux) et 27 pays non africains (membres non régionaux).
Depuis sa création, huit personnalités ont dirigé la BAD avant Sidi Ould Tah : Mamoun Beheiry (Soudan, 1964-1970), Abdelwahab Labidi (Tunisie, 1970-1976), Kwame Donkor Fordwor (Ghana, 1976-1980), Willa Mung'Omba (Zambie, 1980-1985), Babacar N'diaye (Sénégal, 1985-1995), Omar Kabbaj (Maroc, 1995-2005), Donald Kaberuka (Rwanda, 2005-2015) et Akinwumi Adesina (Nigéria, 2015-2025).
Les Assemblées annuelles 2025 se déroulent sous le thème "Tirer le meilleur parti du capital de l'Afrique pour favoriser son développement", reflétant les enjeux majeurs que devra relever le nouveau président dans son mandat qui débutera le 1er septembre prochain.