
Face à la grève générale annoncée pour les 3 et 4 novembre 2025, la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a publié une note stricte exigeant des établissements bancaires le maintien d'un service minimum. Une décision qui intervient dans un climat de tension sociale inédit.
Dans une note adressée aux directeurs généraux des banques ce jeudi 30 octobre 2025, le gouverneur Fethi Zouhair Nouri a fixé des obligations précises pour éviter une paralysie totale du système bancaire.
"Pour garantir le bon fonctionnement des transactions pendant la grève sectorielle prévue", la BCT impose aux banques de prendre "les mesures nécessaires et appropriées" afin de maintenir l'accès aux services essentiels pour les citoyens et les entreprises.
La note détaille point par point les services qui doivent impérativement être maintenus pendant ces deux journées critiques. Les banques sont tenues d'assurer la continuité des retraits aux guichets et distributeurs automatiques, avec un approvisionnement constant en liquidités. Les plateformes de paiement électronique devront également rester pleinement opérationnelles.
La BCT va plus loin en exigeant un approvisionnement préalable en espèces auprès de ses agences régionales, avec des quantités suffisantes pour couvrir les retraits anticipés. Les établissements devront également mobiliser des ressources humaines suffisantes pour garantir ce service minimum et éviter toute interruption.
Pour permettre aux banques de respecter ces obligations, la Banque Centrale annonce des mesures d'assouplissement temporaires. Les agences de la BCT en régions se tiendront prêtes à répondre positivement aux demandes d'approvisionnement en espèces le jour même, dérogeant ainsi aux règles habituelles fixées par la note 129 du 20 septembre 2024.
Le gouverneur insiste également sur la nécessité de maintenir la connectivité technique avec la Société monétique de Tunisie (SMT) et la Société interbancaire de compensation (SIBTEL), deux infrastructures vitales pour le fonctionnement des transactions électroniques.
Cette intervention directe de la BCT traduit l'inquiétude des autorités face aux conséquences potentielles d'une grève totale dans un secteur aussi stratégique. Le gouverneur justifie ces mesures par la nécessité de "garantir la continuité d'un service public vital" et de "préserver la stabilité du système financier national".
La note souligne explicitement la prise en compte des "intérêts du grand public bénéficiaire des services bancaires", plaçant ainsi les citoyens au cœur des préoccupations de l'institution monétaire.
Cette directive intervient dans un contexte de rupture totale entre les syndicats, menés par la Fédération générale des banques affiliée à l'UGTT, et le Conseil Bancaire et Financier (CBF). Aucune véritable négociation n'a eu lieu, les syndicats dénonçant un refus de dialogue tandis que le patronat renvoie toute augmentation salariale à la ratification de la Loi de finances 2026.
La mobilisation des 3 et 4 novembre s'annonce massive, avec un soutien affirmé des bases syndicales. L'intervention de la BCT ne devrait pas suffire à calmer les tensions, mais elle garantit au moins que les Tunisiens ne se retrouvent pas totalement privés d'accès à leurs comptes bancaires pendant ces deux journées.
Reste à savoir si cette grève permettra de ramener les parties autour de la table ou si elle marquera le début d'un conflit social prolongé dans l'un des secteurs les plus stratégiques de l'économie tunisienne.