L'agence de notation améliore sa notation grâce à l'amélioration de la position extérieure du pays
L'agence de notation Fitch Ratings a annoncé vendredi le relèvement de la note souveraine à long terme de la Tunisie, passant de 'CCC+' à 'B-', avec une perspective stable. Cette amélioration reflète une consolidation progressive de la situation économique du pays.
Cette upgrade s'explique principalement par l'amélioration continue de la position extérieure tunisienne. Le déficit du compte courant s'est considérablement réduit par rapport à la moyenne historique, passant d'une moyenne de 7,9% du PIB entre 2010-2022 à seulement 1,5% en 2024.
Fitch prévoit cependant un élargissement modéré de ce déficit à 2,2% du PIB en 2025 et 2,8% en 2027, notamment en raison de la baisse des prix de l'huile d'olive et de l'augmentation des importations de biens.
Les investissements directs étrangers nets ont fait preuve de résilience face aux chocs politiques et externes, se maintenant à 1,4% du PIB en 2024. L'agence anticipe même un rebond en 2025, avec une hausse de 54% au premier semestre par rapport à la même période de 2024.
Les décaissements des partenaires multilatéraux et bilatéraux, représentant 2,2% du PIB en 2024, ont également démontré leur solidité malgré l'absence d'accès aux marchés financiers depuis 2021 et l'absence de programme avec le FMI.
Fitch estime que les besoins de financement externes nets de la Tunisie se réduiront progressivement, passant d'un record de 3,7% du PIB en 2024 à 1% en 2027. Cette amélioration s'explique par la baisse des amortissements de la dette publique externe combinée à des sources de financement extérieur résilientes.
Le pays devra faire face à l'échéance de son seul Eurobond en circulation de 700 millions d'euros en juillet 2026, mais ses réserves internationales devraient rester à un niveau suffisant, représentant 3,9 mois de paiements externes courants en 2027.
Côté finances publiques, l'agence prévoit une réduction progressive du déficit budgétaire, qui devrait passer de 6,3% du PIB en 2024 à 5,3% en 2025, puis à 4,7% en 2026 et 4% en 2027. Cette amélioration sera soutenue par la maîtrise de la masse salariale et la baisse des subventions.
Cependant, les besoins de financement restent élevés à 18% du PIB en 2024, bien que Fitch anticipe une baisse progressive à 13,5% en 2027. La dette publique devrait se stabiliser autour de 83% du PIB en 2025.
Un élément notable est le financement monétaire accordé par la Banque Centrale de Tunisie au gouvernement : des prêts à taux zéro représentant 4,4% du PIB en 2024 et 4,1% en 2025, avec une maturité de 10 ans et un délai de grâce de trois ans. Fitch suppose que ce mécanisme se poursuivra jusqu'en 2026.
Malgré cette amélioration, la Tunisie reste confrontée à des défis structurels importants. L'accès limité au financement externe, l'absence d'accès aux marchés depuis 2021, et la haute vulnérabilité du budget aux chocs des prix des matières premières continuent de contraindre la notation.
Les finances publiques demeurent rigides : en 2027, la masse salariale, les intérêts et les subventions devraient absorber 93% des recettes totales hors dons. Une hausse du prix du pétrole Brent à 80 dollars le baril en 2027 (contre 65 dollars dans les prévisions) élargirait le déficit fiscal de 0,8 point de PIB.
La perspective stable reflète l'équilibre entre les améliorations observées et les risques persistants. Une dégradation pourrait intervenir en cas d'échec dans la réduction des besoins de financement budgétaire ou de pression accrue sur les comptes externes.
À l'inverse, une amélioration de la notation nécessiterait une réduction soutenue du déficit budgétaire et du ratio dette/PIB, ainsi qu'une augmentation continue des réserves de change grâce à un rétrécissement du déficit courant et un meilleur accès au financement externe durable.
Cette notation 'B-' place la Tunisie dans la catégorie des émetteurs souverains présentant un risque de crédit élevé, mais avec des signes d'amélioration progressive de sa situation économique et financière.
D'aprés communiqué