
L'économie tunisienne poursuit sa trajectoire de croissance avec un taux de 2,4% au troisième trimestre 2025, selon les estimations préliminaires des comptes nationaux trimestriels.
Le Produit intérieur brut tunisien a enregistré une croissance de 2,4% en glissement annuel durant le troisième trimestre 2025, comparé à la même période de 2024. En termes de variation trimestrielle, le PIB a stagné (0,0%), après une forte hausse de 1,9% au trimestre précédent.
Sur les trois premiers trimestres de l'année 2025, l'économie tunisienne affiche une croissance globale de 2,4%, marquant une amélioration notable par rapport aux performances de 2024 et 2023. Cette évolution témoigne d'une stabilisation progressive de l'activité économique après les turbulences des années précédentes.
L'agriculture se positionne comme le pilier fondamental de la croissance économique tunisienne. Le secteur a enregistré une performance exceptionnelle avec une hausse de 11,5% de la valeur ajoutée en glissement annuel. Cette progression contribue à hauteur de 0,98 point de pourcentage à la croissance globale du PIB, soit plus de 40% de la croissance totale.
Cette performance témoigne d'une bonne campagne agricole et de conditions climatiques favorables qui ont permis d'améliorer significativement la production nationale. Le secteur agricole démontre une fois de plus son rôle stratégique dans la stabilité économique du pays, compensant les difficultés rencontrées dans d'autres branches d'activité.
Le secteur des industries manufacturières affiche une croissance modérée de 1,6%, portée par plusieurs branches dynamiques. Les industries mécaniques et électriques ont progressé de 4,9%, confirmant leur position de locomotive du secteur manufacturier. Les industries chimiques ont enregistré une hausse de 2,4%, tandis que les produits métalliques ont progressé de 1,4%.
Toutefois, le secteur de l'extraction du pétrole et du gaz naturel continue de peser sur la croissance avec une baisse significative de 13,1%. Cette chute reflète l'épuisement progressif des ressources et les défis structurels du secteur énergétique tunisien, qui nécessite des investissements importants pour inverser la tendance.
En revanche, le secteur de l'énergie, mines, eau et assainissement progresse de 1,8%, notamment grâce à un bond remarquable de 31,7% dans les activités minières. Cette performance illustre le potentiel de diversification du secteur extractif au-delà des hydrocarbures.
Le secteur du bâtiment et des travaux publics enregistre une croissance solide de 3,9%, signe d'une reprise des investissements dans les infrastructures et l'immobilier. Cette dynamique positive reflète une confiance retrouvée des investisseurs et une relance des projets de construction après une période de ralentissement.
Le secteur des services maintient son dynamisme relatif avec une progression de 1,4%, contribuant positivement à hauteur de 0,86 point à la croissance globale. L'hôtellerie, les restaurants et les cafés affichent une croissance remarquable de 7,1%, portée par la reprise touristique et l'augmentation des arrivées de visiteurs étrangers. Le secteur de l'information et de la communication progresse de 2,7%, tandis que le transport enregistre une légère hausse de 0,3%.
L'analyse des composantes du PIB révèle une forte augmentation de la demande intérieure de 6,7% en glissement annuel, portée par la consommation des ménages et l'investissement. Cette demande interne contribue positivement à hauteur de 7,28 points de pourcentage à la croissance du PIB, démontrant une vitalité certaine du marché domestique.
Cette dynamique reflète une confiance accrue des consommateurs, malgré les pressions inflationnistes persistantes. L'investissement, quant à lui, bénéficie d'une reprise progressive des projets publics et privés.
Le solde des échanges extérieurs exerce une pression négative sur la croissance, retranchant 4,90 points de pourcentage au PIB. Cette situation s'explique par un déséquilibre marqué entre les exportations et les importations. Les exportations de biens et services ont progressé de 3,8%, une croissance modérée face à la concurrence internationale. En parallèle, les importations ont bondi de 12,7%, reflétant une forte demande intérieure et une dépendance persistante aux produits étrangers.
L'écart croissant entre importations et exportations soulève des questions sur la balance commerciale et la compétitivité de l'économie tunisienne. Cette tendance inquiétante exerce une pression sur les réserves de change et appelle à des mesures structurelles pour améliorer la productivité et renforcer le positionnement des produits tunisiens sur les marchés internationaux.
L'économie tunisienne démontre sa capacité de résistance avec plusieurs signaux encourageants. La résilience du secteur agricole, la reprise du secteur manufacturier et le dynamisme des services touristiques constituent des points d'appui solides pour la croissance. La vigueur de la demande intérieure témoigne également d'une certaine vitalité du tissu économique national.
Néanmoins, les défis structurels demeurent nombreux. La dépendance croissante aux importations menace l'équilibre extérieur du pays et pèse sur les finances publiques. Le déclin du secteur énergétique appelle à une transition rapide vers des sources alternatives et à une politique énergétique ambitieuse. L'amélioration de la compétitivité à l'export reste un impératif pour réduire le déficit commercial et créer des emplois durables.
La diversification de l'économie apparaît plus que jamais comme une nécessité pour réduire la vulnérabilité aux chocs sectoriels et climatiques. Les autorités doivent également poursuivre les réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires, attirer les investissements étrangers et libérer le potentiel entrepreneurial du pays.