Banques tunisiennes cotées : 840 millions de dinars versés au fisc en 2024

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mannana dbibi mai 13, 2025, 5:26 PM

Un secteur bancaire robuste malgré les défis

Le secteur bancaire tunisien affiche une performance remarquable pour l'exercice 2024, avec un bénéfice global atteignant 1,565 milliard de dinars, en progression de 15,4% par rapport aux 1,356 milliard enregistrés en 2023. Cette croissance s'accompagne d'une augmentation significative de la contribution fiscale du secteur, qui s'élève désormais à 840 millions de dinars contre 769,5 millions en 2023, soit une hausse de 9,2%. Cette progression de l'impôt est en partie attribuable à l'augmentation du taux d'imposition sur les sociétés pour les banques, passé de 35% à 40% pour l'exercice 2024. Dans ce contexte fiscal plus contraignant, la capacité du secteur à maintenir une forte croissance de ses bénéfices tout en augmentant sa contribution aux recettes de l'État témoigne de la résilience remarquable du système bancaire tunisien.

Une pression fiscale en hausse mais inégalement répartie

L'analyse détaillée de la contribution fiscale révèle des disparités importantes entre les différents établissements bancaires. La BIAT (Banque Internationale Arabe de Tunisie) maintient sa position de premier contributeur fiscal avec 309,1 millions de dinars versés en 2024, en hausse de 19,2% par rapport à 2023. Elle est suivie par la BNA (Banque Nationale Agricole) avec 120,4 millions de dinars (+24,1%) et Attijari Bank avec 117,3 millions de dinars (+5%).

Certains établissements présentent des situations atypiques, à l'image de l'ATB (Arab Tunisian Bank) qui a vu son impôt augmenter de manière spectaculaire (+341%), passant de 1,6 million de dinars en 2023 à 6,9 millions en 2024. À l'inverse, Amen Bank a réussi à réduire sa charge fiscale de 12,3% (24,5 millions contre 28 millions en 2023) tout en améliorant ses bénéfices.

La BH Bank a également connu une baisse de sa contribution fiscale de 57,3%, passant de 88,6 millions en 2023 à 37,8 millions en 2024, tandis que la BT (Banque de Tunisie) a vu son impôt augmenter de 36,2%, reflétant l'amélioration de ses performances financières.

Des bénéfices en croissance pour la majorité des banques

Sur le plan des bénéfices, la quasi-totalité des banques cotées affiche une progression. La BIAT confirme sa position de leader avec un bénéfice de 357,8 millions de dinars en 2024, en progression de 7,9% par rapport aux 331,4 millions enregistrés en 2023. Attijari Bank suit avec un résultat net de 232,4 millions de dinars, en hausse de 9,6%. La BNA complète le podium avec 213,6 millions de dinars (+12,4%), devançant légèrement la BT qui atteint 188,4 millions de dinars (+10,6%).

L'ATB réalise un redressement notable en passant d'une perte de 9,4 millions de dinars en 2023 à un bénéfice de 10,2 millions en 2024. À l'opposé, la BTE (Banque de Tunisie et des Émirats) reste en territoire négatif malgré une amélioration, avec un déficit réduit à -32,1 millions de dinars en 2024 contre -40,5 millions l'année précédente.

L'UIB et l'UBCI affichent également des performances positives avec des bénéfices respectifs de 85,7 millions et 54,1 millions (+2,2%).

L'impact des réglementations et perspectives futures

Les résultats positifs de 2024 s'inscrivent dans un contexte réglementaire qui pourrait se révéler plus contraignant à l'avenir. La récente baisse du taux directeur décidée par la Banque Centrale de Tunisie (BCT) le 26 mars 2025 n'a pas d'impact sur les bénéfices de l'exercice 2024, mais devrait affecter les performances futures des banques en exerçant une pression à la baisse sur leurs marges d'intérêt. Cette mesure, combinée à l'augmentation du taux d'imposition sur les bénéfices bancaires passé à 40% (contre 35% auparavant) et aux nouvelles réglementations en matière de prêts, posera d'importants défis au secteur.

Selon un rapport récent de Fitch Ratings publié le 4 mars 2025, les nouvelles dispositions réglementaires permettant aux emprunteurs de bénéficier de réductions de taux d'intérêt sur certains prêts à taux fixe et obligeant les banques à émettre des montants prescrits de prêts sans intérêt pourraient avoir un impact estimé à 170 millions de dinars sur la rentabilité du secteur. Les plafonds imposés sur certains frais et commissions constitueront un défi supplémentaire pour les établissements bancaires.

Malgré ces contraintes, la capacité d'adaptation démontrée par le secteur bancaire tunisien, notamment à travers l'accélération de sa transformation digitale et la diversification de ses sources de revenus, devrait lui permettre de maintenir une certaine résilience face à ces défis réglementaires.

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