La Banque Internationale Arabe de Tunisie (BIAT) a dévoilé ses états financiers pour l’exercice 2024, confirmant sa capacité à maintenir une performance robuste malgré un contexte économique marqué par de fortes tensions.
En 2024, la BIAT a réalisé un Produit Net Bancaire (PNB) de 1 479,7 millions de dinars tunisiens (MDT), contre 1 396,9 MDT en 2023, soit une progression de 5,9%. Cette évolution favorable s'explique notamment par une bonne performance des activités d'intermédiation et une croissance des commissions bancaires.
Le résultat net a atteint 357,8 MDT, en hausse de 7,9% par rapport aux 331,4 MDT enregistrés en 2023. Cette amélioration du bénéfice reflète l'efficacité de la stratégie commerciale de la banque et sa maîtrise des charges d'exploitation, malgré une pression fiscale importante.
Au 31 décembre 2024, le total bilan de la BIAT s'est établi à 24 996,2 MDT, en progression de 8,9% par rapport à 2023 (22 944,5 MDT).
Les créances sur la clientèle ont connu une augmentation de 2,9%, passant de 12 442,4 MDT à 12 806,9 MDT. Cette croissance modérée témoigne d'une politique d'octroi de crédit prudente, dans un contexte de vigilance accrue sur la qualité des actifs.
De leur côté, les dépôts de la clientèle ont enregistré une progression significative de 10,7%, atteignant 20 814,1 MDT contre 18 802,5 MDT en 2023. Cette évolution reflète la confiance des clients et la capacité de la banque à mobiliser l'épargne dans un contexte économique incertain.
Les indicateurs de rentabilité de la BIAT montrent des évolutions contrastées en 2024. Le coefficient d'exploitation (rapport entre les charges d'exploitation et le PNB) a légèrement augmenté, passant de 40,4% en 2023 à 41,7% en 2024, ce qui traduit une légère hausse des coûts relatifs. Malgré cette évolution, ce ratio reste à un niveau très compétitif dans le secteur bancaire tunisien. Parallèlement, le Retour sur Capitaux Propres (ROE) s'est légèrement amélioré, atteignant 16,1% (contre 15,9% en 2023), tandis que le Retour sur Actifs (ROA) demeure stable à 1,4%, témoignant d'une bonne utilisation des ressources de la banque.
La qualité du portefeuille de crédits s’est également améliorée, permettant une baisse significative des dotations aux provisions, qui passent de 254,6 millions de dinars en 2023 à 158,3 millions de dinars en 2024.
Un élément notable de l'exercice 2024 concerne l'application de l'article 412 (ter) du code de commerce, modifié par la loi n°2024-41 du 2 août 2024. Cette disposition introduit une réduction de 50% des taux d'intérêt fixes appliqués aux crédits en cours et aux nouveaux crédits accordés par les banques, sous certaines conditions. Pour la BIAT, ce changement réglementaire a eu un impact financier, bien que limité, avec 2 737 crédits éligibles ayant fait l'objet de demandes de réduction de taux au cours de l'exercice, pour un impact de 898 mille dinars sur les revenus. La banque a démontré sa capacité à absorber ces ajustements réglementaires tout en maintenant sa trajectoire de croissance.
La banque a également continué à renforcer ses fonds propres, qui atteignent 2 226,4 MDT à fin 2024, en hausse de 6,9% par rapport à 2023 (2 082,1 MDT). Cette solide base de capital constitue un atout majeur pour soutenir la croissance future de la banque.
La BIAT a maintenu une structure de financement équilibrée en 2024. Les dépôts à vue représentent 50,6% du total des dépôts clientèle, suivis par les dépôts d'épargne (25,0%) et les comptes à échéance (16,1%).
Cette diversification des sources de financement, combinée à une bonne gestion de la liquidité, permet à la banque de disposer des ressources nécessaires pour financer son développement tout en maîtrisant son coût de refinancement.
Malgré les défis économiques persistants, les résultats solides de 2024 positionnent favorablement la BIAT pour poursuivre sa croissance en 2025. La banque devrait continuer à capitaliser sur sa position de leader du marché bancaire tunisien, tout en diversifiant ses sources de revenus et en optimisant sa structure de coûts.
À noter toutefois que la banque fait face à quelques incertitudes, notamment un contrôle fiscal en cours portant sur les exercices 2020 à 2023 et une procédure engagée par le conseil de la concurrence contre le secteur bancaire en lien avec le report des échéances durant la pandémie de COVID-19. Ces éléments sont à surveiller dans les prochains mois.