
Selon une nouvelle analyse de l'agence de notation Fitch Ratings publiée mardi 28 octobre, le secteur bancaire tunisien continue de faire face à des défis importants en raison d'une inflation élevée, d'une croissance économique faible et de taux d'intérêt élevés. Ces conditions pèsent sur la croissance du crédit et la rentabilité des banques.
Cette analyse intervient sept mois après un précédent rapport de Fitch publié en mars 2025, qui alertait déjà sur les contraintes pesant sur la rentabilité du secteur.
L'un des principaux indicateurs de ces difficultés est la croissance du crédit, qui n'a atteint que 0,6 % au cours des cinq premiers mois de 2025. Fitch explique cette faible performance par une double dynamique : une demande de crédit modérée de la part du secteur privé et, simultanément, les besoins de financement élevés de l'État qui évincent les autres formes de crédit.
Bien que Fitch ait rehaussé la note de la Tunisie à "B-" avec une perspective stable en septembre 2025, l'agence ne s'attend pas à ce que cela améliore de manière significative les conditions opérationnelles des banques.
Le ratio des prêts non performants (NPL) du secteur a atteint 14,7 % à la fin du premier trimestre 2025, son plus haut niveau depuis quatre ans (contre 13,1 % à la fin de 2021). Cependant, l'analyse souligne qu'une part considérable de ce stock de NPL est liée à des actifs hérités du passé, ce qui ouvre la voie à une potentielle réduction significative de ce ratio sur le long terme.
La rentabilité des banques tunisiennes reste modeste lorsqu'elle est ajustée à l'inflation, avec un rendement moyen des capitaux propres de 10,6 % sur la période 2022-T1 2025. Au premier semestre 2025, le bénéfice net des dix plus grandes banques a connu une augmentation modérée de 13 % en glissement annuel. Cette croissance a été freinée par une hausse de 21 % des provisions pour dépréciation de prêts et une augmentation de 8 % des charges d'exploitation.
Malgré ces défis, les conditions de liquidité du secteur bancaire sont jugées adéquates et devraient le rester en 2026. Les dépôts de la clientèle, principale source de financement des banques, ont augmenté de 3 % au cours des cinq premiers mois de 2025, alors que les prêts n'ont progressé que de 0,6 %. La dépendance des banques au refinancement de la Banque Centrale de Tunisie reste faible, représentant 5 % du passif du secteur à la fin mai 2025.
Fitch s'attend à ce que ces bonnes conditions de liquidité, combinées à une faible demande de crédit du secteur privé, conduisent les banques à accroître davantage leur exposition à la dette souveraine en 2026. Cette tendance est soutenue par les rendements favorables des titres d'État, qui bénéficient d'une pondération de risque de 0 % pour le calcul des fonds propres réglementaires.