Balance commerciale tunisienne sous tension avec 14,6 milliards de dinars de déficit

Analyse macro économique
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mannana dbibi sept. 13, 2025, 8:08 AM

Le dernier rapport de l'Institut National de la Statistique (INS) sur les huit premiers mois de 2025 révèle une dégradation préoccupante de la balance commerciale tunisienne. Avec un déficit qui atteint 14,64 milliards de dinars contre 11,92 milliards à la même période en 2024, la Tunisie fait face à des défis économiques majeurs qui nécessitent une attention particulière.

Un déséquilibre commercial qui se creuse

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : les exportations tunisiennes ont reculé de 0,3% pour s'établir à 41,37 milliards de dinars, tandis que les importations ont bondi de 4,8% à 56,01 milliards de dinars. Cette dynamique inverse traduit une économie nationale sous pression, avec un taux de couverture des importations par les exportations qui chute à 73,9%, soit près de 4 points de moins qu'en 2024 (77,7%).

Cette détérioration du déficit commercial, qui représente une hausse de 22,8%, soulève des interrogations sur la compétitivité de l'économie tunisienne et sa capacité à maintenir ses parts de marché à l'international.

Secteurs exportateurs : entre résistance et vulnérabilité

Les Points Positifs

Malgré la morosité générale, certains secteurs tirent leur épingle du jeu. Les mines, phosphates et dérivés affichent une croissance remarquable de 11,9%, confirmant la place stratégique de ce secteur dans l'économie tunisienne. Les industries mécaniques et électriques progressent également de 6,7%, témoignant d'une certaine résilience industrielle.

Les secteurs en difficulté

En revanche, plusieurs piliers traditionnels de l'économie tunisienne montrent des signes de faiblesse. Le secteur énergétique s'effondre avec une chute de 39% des exportations, principalement due à la baisse drastique des ventes de produits raffinés (504,2 millions de dinars contre 1 323,2 millions).

L'industrie agro-alimentaire, traditionnellement forte, recule de 16,2%, impactée par la diminution des exportations d'huile d'olive - un produit emblématique passant de 3 818,9 millions à 2 702,4 millions de dinars. Cette baisse interroge sur les défis structurels du secteur agricole tunisien.

Le textile, habillement et cuirs, secteur employeur crucial, accuse une baisse de 1%, reflétant les difficultés de compétitivité face à la concurrence internationale.

Importations et demande intérieure soutenue

L'analyse des importations révèle une économie en transformation. La forte progression des biens d'équipement (+17,4%) suggère des investissements soutenus, potentiellement porteurs d'avenir pour la capacité productive du pays. Les matières premières et demi-produits (+7,5%) confirment cette dynamique industrielle. L'augmentation des biens de consommation (+10,6%) témoigne d'une demande intérieure qui résiste, malgré les difficultés économiques. En revanche, les importations énergétiques enregistrent une baisse de 13,8% et les produits alimentaires reculent de 3,9%, en partie grâce au maintien de prix relativement bas sur les marchés internationaux.

Géographie commerciale avec l'Europe qui reste centrale

L'Union européenne maintient sa position dominante avec 70,5% des exportations tunisiennes, représentant 29,17 milliards de dinars. Cette concentration géographique, bien que rassurante par sa stabilité, expose la Tunisie aux fluctuations économiques européennes.

Les relations avec les partenaires européens montrent des évolutions contrastées avec une progression notable avec l'Allemagne (+11,9%) et la France (+8,9%), mais un recul significatif avec l'Italie (-9,2%) et l'Espagne (-25,3%). Sur le plan régional, les échanges avec les pays arabes offrent des perspectives encourageantes avec le Maroc (+44,3%), l'Égypte (+41,1%), l'Algérie (+18%) et la Libye (+7,6%).

Défis sectoriels et perspectives

L'analyse par groupes de produits révèle des déséquilibres structurels préoccupants. Le déficit énergétique de 7,15 milliards de dinars, bien qu'en amélioration par rapport aux 7,51 milliards de 2024, reste problématique. Le déficit hors énergie de 7,49 milliards souligne que les difficultés commerciales dépassent la seule question énergétique.

Seul le secteur alimentaire dégage un excédent de 683,2 millions de dinars, mettant en évidence le potentiel agricole tunisien malgré le recul de la valeur des exportations d'huile d'olive résultant de la baisse des prix sur les marchés internationaux.

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