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La Tunisie face à une détérioration inquiétante de sa balance commerciale au premier trimestre 2025

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avr. 11, 2025, 3:58 PM

Les dernières données publiées par l'Institut National de la Statistique (INS) de Tunisie révèlent une détérioration significative de la balance commerciale du pays. Après un début d'année alarmant où le déficit commercial s'est considérablement creusé pour atteindre 3517,9 millions de dinars (MD) durant les deux premiers mois de 2025, contre 1779,9 MD durant la même période en 2024, la situation a continué de se dégrader sur l'ensemble du trimestre.

Un déficit commercial qui s'amplifie dangereusement

Sur les trois premiers mois de 2025, le déficit commercial a atteint 5050,5 millions de dinars contre 3027,4 MD à la même période de l'année précédente, soit une augmentation alarmante de 66%. Cette aggravation résulte d'un double mouvement défavorable : un recul des exportations de 5,9%, qui s'établissent désormais à 15325,1 MD, conjugué à une progression des importations de 5,5%, culminant à 20375,5 MD.

Conséquence directe de cette évolution, le taux de couverture a sensiblement reculé, passant de 84,3% au premier trimestre 2024 à seulement 75,2% pour la période équivalente en 2025, illustrant la fragilité croissante de la position commerciale du pays.

L'énergie et l'huile d'olive : deux piliers exportateurs en forte baisse

L'analyse sectorielle des exportations révèle des faiblesses prononcées dans plusieurs domaines stratégiques. Le secteur énergétique subit la contraction la plus sévère avec une chute de 34%, principalement imputable à l'effondrement des ventes de produits raffinés qui ne représentent plus que 78,2 MD contre 499,3 MD auparavant.

Le secteur agro-alimentaire n'est pas épargné, accusant un repli de 18%, largement attribuable au fléchissement des exportations d'huile d'olive (1442,3 MD contre 1879,8 MD précédemment). Les secteurs traditionnellement porteurs comme les industries mécaniques et électriques (recul de 2,4%), le textile-habillement-cuir (diminution de 2,6%) et les phosphates et dérivés (baisse de 8,6%) connaissent également des performances en berne.

Équipements et consommation : une demande intérieure qui s'affirme

La progression des importations présente un tableau nuancé selon les catégories de produits. Les biens d'équipement connaissent une augmentation substantielle de 18,3%, tandis que les matières premières et demi-produits progressent de 5,1%, ce qui pourrait augurer d'un renforcement futur de l'appareil productif. La hausse significative des biens de consommation (13,9%) soulève néanmoins des questions quant à la capacité de l'économie nationale à satisfaire la demande intérieure.

Seul point positif, les importations énergétiques et alimentaires se contractent respectivement de 9,6% et 2,1%, limitant partiellement la dégradation du solde commercial.

L'Europe recule, le monde arabe progresse : nouvelle cartographie des exportations

L'Union Européenne demeure le partenaire commercial privilégié de la Tunisie, captant 70,1% des exportations totales (10736,9 MD). Toutefois, on observe des trajectoires divergentes selon les pays. Si les ventes progressent vers l'Allemagne (7,8%) et les Pays-Bas (13,4%), elles s'érodent significativement vers des partenaires historiques comme la France (baisse de 5,7%), l'Italie (recul de 11,3%) et particulièrement l'Espagne (chute de 35,3%).

En revanche, les échanges avec le monde arabe connaissent un dynamisme remarquable, comme en témoignent les fortes progressions enregistrées vers la Libye (39,6%), le Maroc (38,6%), l'Algérie (15,3%) et surtout l'Égypte, où les exportations ont plus que doublé (155,7%).

La Chine s'impose comme fournisseur majeur de la Tunisie

Si l'Union Européenne fournit encore 42,9% des importations tunisiennes (8744,3 MD), avec des hausses en provenance de France (8,1%), d'Italie (0,8%) et d'Allemagne (3,6%), la diversification des sources d'approvisionnement s'accélère.

Les importations en provenance de Chine ont connu une explosion spectaculaire (60,9%), consolidant sa position de challenger majeur pour les partenaires européens traditionnels. La Turquie renforce également sa présence avec une progression de 13,7%, tandis que les achats depuis la Russie et l'Inde marquent un léger repli (respectivement 2,9% et 2%).

La dépendance énergétique : talon d'Achille du commerce extérieur tunisien

La ventilation du déficit commercial par groupe de produits met en lumière des déséquilibres structurels profonds. Le secteur énergétique demeure le principal point noir avec un déficit de 2881,7 MD, suivi par les matières premières et demi-produits (1616,2 MD), les biens d'équipement (927,9 MD) et les biens de consommation (239,5 MD).

Le secteur alimentaire constitue la seule exception positive, dégageant un excédent appréciable de 614,8 MD, insuffisant cependant pour compenser les déficits observés ailleurs.

Des signes d'investissement productif malgré un contexte difficile

L'augmentation significative des importations de biens d'équipement et de matières premières pourrait être interprétée comme un indicateur avancé d'un regain d'investissement productif, susceptible de renforcer à terme les capacités exportatrices du pays.

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