Ciments de Bizerte : quand l'absence de coke de pétrole paralyse toute une société

La société Les Ciments de Bizerte traverse une période particulièrement difficile, comme en témoignent ses derniers indicateurs d'activité pour le deuxième trimestre et le premier semestre 2024. L'entreprise tunisienne, confrontée à une crise financière persistante, peine à maintenir sa production de ciment et de clinker. La pénurie de coke de pétrole, combustible essentiel pour les fours, a entraîné une chute drastique du chiffre d'affaires et une paralysie presque totale de l'activité industrielle.

Cette situation critique se manifeste notamment par la suspension totale de la production de clinker au cours du deuxième trimestre 2024, contrastant fortement avec les 86 000 tonnes produites à la même période en 2023. L'incapacité de la société à importer le coke de pétrole nécessaire, en raison de ses difficultés financières, a ainsi provoqué l'arrêt complet de ses fours, mettant en lumière la fragilité de sa chaîne d'approvisionnement. Plus alarmant encore, l'entreprise n'a pas été en mesure d'honorer ses engagements envers ses fournisseurs, soulignant la gravité de sa situation financière et les risques potentiels pour la continuité de ses opérations

Sur l'ensemble du premier semestre 2024, la situation n'est guère plus reluisante. La production de clinker affiche un effondrement de 100% par rapport aux 194 900 tonnes produites au premier semestre 2023. Cette chute drastique illustre l'ampleur des défis auxquels l'entreprise est confrontée.

La production de ciment a également subi un net recul. Au deuxième trimestre 2024, elle s'est établie à seulement 33 282 tonnes, soit une baisse vertigineuse de 69,70% par rapport aux 109 855 tonnes produites au même trimestre de l'année précédente. Cette tendance se confirme sur l'ensemble du premier semestre, avec une production cumulée de 83 870 tonnes, en recul de 61,72% par rapport aux 219 143 tonnes produites au premier semestre 2023.

Le chiffre d'affaires n'a pas été épargné par cette conjoncture défavorable. Au deuxième trimestre 2024, il a chuté de 67,23%, passant de 24 494 717 dinars à seulement 8 025 522 dinars. Sur l'ensemble du premier semestre, la baisse est tout aussi marquée, avec un chiffre d'affaires de 20 287 570 dinars, en recul de 59,70% par rapport à la même période en 2023.

L'absence totale d'exportations au cours du deuxième trimestre 2024 et du premier semestre dans son ensemble a également pesé sur les performances de l'entreprise. Ciments de Bizerte a dû se contenter d'une activité de broyage de clinker importé et de déchargement de navires de coke de pétrole pour le compte de tiers.

Face à ces difficultés, l'entreprise tente de gérer au mieux son endettement. Les crédits à moyen terme ont été réduits, passant de 136 096 046 dinars au deuxième trimestre 2023 à 120 757 209 dinars à la même période en 2024. Les crédits de gestion ont également diminué, passant de 33 268 509 dinars à 27 110 136 dinars.

Malgré ce tableau peu encourageant, Ciments de Bizerte affiche des perspectives prudentes pour le troisième trimestre 2024. L'entreprise espère reprendre la production de clinker et de ciment pour répondre à la demande, tout en s'efforçant de maîtriser ses coûts de production et de distribution. Elle vise également à améliorer sa part de marché au niveau local et à maintenir un climat social serein.

Ces objectifs semblent toutefois ambitieux au regard de la situation actuelle. La reprise de l'activité dépendra en grande partie de la capacité de l'entreprise à surmonter ses difficultés financières et à sécuriser son approvisionnement en matières premières essentielles, notamment le coke de pétrole.