Tunisie : 62 % des consommateurs ne connaissent pas les frais prélevés par leurs banques

Analyse macro économique
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anis habibi Dec 25, 2023, 11:05 AM

Dans le cadre d'une étude de l'OCDE sur la concurrence dans le secteur de la banque de détail en Tunisie, il ressort que deux consommateurs sur trois ne savaient pas quel montant de frais bancaires ils payaient. De plus, quatre consommateurs sur cinq, ainsi que deux petites entreprises sur trois, n'avaient pas comparé les frais lors de l'ouverture de leur compte. Seulement 3 % des consommateurs et 4 % des petites entreprises ont changé de banque au cours de l'année précédente, soulignant ainsi une propension marquée à demeurer fidèles à leur établissement financier sur de longues périodes. 

Lorsque ces petites entreprises cherchent du financement, elles ont tendance à se tourner exclusivement vers leur banque actuelle.



Obstacles au financement des petites entreprises


L'absence d'un bureau privé d'information sur le crédit limite les données disponibles pour évaluer le risque des nouveaux emprunteurs, renforçant ainsi l'avantage des banques vis-à-vis de leurs clients existants. Le plafonnement des taux d'intérêt entrave la capacité des banques à évaluer précisément le risque de crédit, les poussant à exiger davantage de garanties. Les procédures judiciaires longues et l'absence de registre des actifs mobiliers accroissent l'aversion des banques pour le risque. 

Des préoccupations ont été soulevées quant à la préférence des banques pour les emprunteurs entretenant des relations commerciales établies. L'examen de l'OCDE en 2022 a révélé qu'en 2019, cinq groupes industriels contrôlaient plus de 60 % du chiffre d'affaires des grandes entreprises privées, ayant des liens directs avec les banques, ce qui pourrait restreindre l'accès au crédit pour les entreprises non affiliées à ces groupes.




Entraves réglementaires aux services de paiement en Tunisie


Les services de paiement en Tunisie font face à des restrictions réglementaires excessives, entravant l'entrée des prestataires et limitant la concurrence. Les exigences élevées en matière de capital minimum, jusqu'à 76 fois plus élevées que dans d'autres pays, ainsi que les procédures complexes et les dispositions ad hoc, créent des obstacles et accroissent les coûts pour les nouveaux entrants. Le processus d'octroi de licences semble favoriser les affiliés des groupes bancaires existants, excluant ainsi la plupart des entreprises fintech




Les recommandations de L’OCDE pour améliorer l'efficacité de la concurrence 


-Donner aux consommateurs les moyens d'accéder à l'information et réformer le mécanisme de médiation afin de doter les consommateurs et les entreprises d'un outil efficace pour déposer des plaintes.


-Renforcer l'autonomie des PME dans les choix de produits de prêt et promouvoir l'établissement d'un bureau d'information sur le crédit ainsi que la création d'un registre des biens mobiliers.


-Réformer le conseil bancaire et financier, renforcer le rôle du conseil de la concurrence, et reconsidérer le rôle de l'État dans le secteur de la banque de détail.


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