Moteurs de croissance et freins structurels de l'économie tunisienne

Une économie en croissance modérée malgré les défis structurels

Selon les dernières estimations des comptes nationaux trimestriels publiées en mai 2025, l'économie tunisienne a enregistré une croissance de 1,6% au premier trimestre 2025 par rapport à la même période de l'année précédente. Cette performance, bien que positive, cache toutefois une légère contraction de 0,2% par rapport au quatrième trimestre 2024, témoignant d'une certaine fragilité de la reprise économique.

Le secteur agricole, principal moteur de croissance

L'analyse sectorielle révèle que le secteur agricole a été le principal contributeur à cette croissance, avec une remarquable progression de 7% par rapport au premier trimestre 2024. À lui seul, ce secteur a contribué à hauteur de 0,59 point de pourcentage à la croissance globale de 1,6%. Cette performance s'inscrit dans une dynamique de redressement du secteur primaire, essentiel pour l'économie tunisienne.

Des performances contrastées dans le secteur industriel

Le secteur industriel affiche quant à lui des résultats mitigés avec une croissance globale modeste de 0,5%. Dans le détail :

- Les industries agroalimentaires se distinguent avec une forte progression de 6,5%

- Les industries mécaniques et électriques enregistrent une légère hausse de 0,8%

- En revanche, les secteurs du textile, de l'habillement et des chaussures accusent une baisse de 0,9%

- Les industries chimiques sont plus sévèrement touchées avec un repli de 2,0%

Le secteur de l'énergie, des mines, de l'eau et du traitement des déchets a connu une hausse modérée de 0,6%, soutenu notamment par la forte progression du secteur minier (+12,3%), tandis que l'extraction pétrolière et gazière poursuit son déclin avec une contraction de 4,2%.

Dynamisme du BTP et résilience des services

Le secteur de la construction (BTP) se démarque positivement avec une croissance de 3,3% en glissement annuel, témoignant d'une reprise des investissements dans les infrastructures et l'immobilier.

Les services, pilier traditionnel de l'économie tunisienne, maintiennent une croissance positive de 1,1%, contribuant à hauteur de 0,66 point de pourcentage à la performance économique globale. Le secteur de l'hôtellerie et de la restauration se distingue particulièrement avec une progression de 5,7%, reflétant une reprise significative du tourisme, tandis que le secteur des technologies de l'information et de la communication connaît une croissance plus modeste de 0,1%.

Demande intérieure en hausse, balance commerciale déficitaire

L'analyse des composantes de la demande révèle une forte augmentation de la demande intérieure de 3,7%, contribuant positivement à hauteur de 4,0 points de pourcentage à la croissance du PIB. Cette dynamique est cependant contrebalancée par la contribution négative du commerce extérieur (-2,4 points), les importations ayant progressé plus rapidement (+8,6%) que les exportations (+4,5%).

Une croissance économique portée par le secteur primaire

La croissance économique tunisienne au premier trimestre 2025 présente donc un tableau contrasté. Si la progression globale de 1,6% est encourageante, la légère contraction par rapport au trimestre précédent et les performances inégales selon les secteurs soulèvent des questions sur la durabilité de cette reprise.

L'économie tunisienne continue de faire face à des défis structurels importants, notamment la dépendance aux performances du secteur agricole, vulnérable aux aléas climatiques, et le déficit commercial persistant qui pèse sur les équilibres macroéconomiques.

Pour consolider sa croissance, la Tunisie devrait poursuivre ses efforts de diversification économique, renforcer sa compétitivité à l'export et accélérer les réformes visant à améliorer le climat des affaires pour attirer davantage d'investissements dans les secteurs à forte valeur ajoutée.