Selon les dernières données publiées par l'Institut National de la Statistique (INS), le taux d'inflation en Tunisie s'est établi à 5% en septembre 2025, marquant un recul de 0,2 point par rapport au mois d'août où il atteignait 5,2%. Cette baisse confirme la tendance à la décélération observée depuis le début de l'année 2025.
Cette évolution positive s'explique principalement par le ralentissement du rythme d'augmentation des prix dans plusieurs secteurs clés de l'économie tunisienne, notamment les produits alimentaires, les services de restauration et hôtellerie, ainsi que les transports.
Le secteur alimentaire, qui représente 26,2% du panier de consommation des ménages tunisiens, a enregistré une hausse annuelle de 5,7% en septembre 2025, contre 5,9% le mois précédent. Sur un mois, les prix alimentaires ont progressé de 1,3%.
Les produits les plus touchés par l'inflation
Certains produits essentiels continuent d'afficher des augmentations préoccupantes en glissement annuel. Les légumes frais enregistrent une hausse spectaculaire de 21,1%, suivis de près par la viande d'agneau qui progresse de 20,2%. Les poissons frais et les fruits frais ne sont pas en reste avec des augmentations respectives de 10,3% et 9,9%, tandis que la viande bovine affiche une hausse de 9,6%.
En revanche, les huiles alimentaires constituent une exception notable avec une baisse spectaculaire de 24,3% sur un an, offrant un soulagement aux ménages tunisiens pour ce produit de première nécessité.
Évolution mensuelle : la rentrée scolaire pèse sur certains produits
Au cours du mois de septembre 2025, plusieurs produits ont connu des hausses significatives. Les volailles ont enregistré la plus forte augmentation avec 5,6%, tandis que les œufs ont progressé de 4,2%. Les légumes frais et la viande bovine ont également augmenté de 2,6% et 1,4% respectivement.
Le secteur des produits manufacturés affiche une hausse de 4,9% en glissement annuel, principalement tirée par l'habillement et les chaussures qui progressent de 9%, ainsi que les produits d'entretien du foyer avec une augmentation de 4,9%.
Du côté des services, l'augmentation annuelle atteint 4,5%, avec une contribution majeure du secteur de la restauration, cafés et hôtels qui enregistre une hausse de 10,1%. Cette augmentation reflète les difficultés persistantes du secteur à absorber la hausse des coûts des matières premières et de l'énergie.
L'effet de la rentrée scolaire s'est fait particulièrement sentir en septembre 2025, avec une augmentation mensuelle de 3,7% des prix des services et produits d'enseignement. L'enseignement secondaire privé a connu la plus forte hausse avec 5%, suivi de l'enseignement préélémentaire et primaire qui a progressé de 4,7%. Les cours de soutien scolaire et les fournitures scolaires ont également augmenté de 3,2% et 3% respectivement.
L'inflation sous-jacente, qui exclut les produits alimentaires et l'énergie pour mesurer la tendance profonde des prix, s'est établie à 5,2% en septembre 2025, contre 5,4% le mois précédent. Cette baisse témoigne d'une amélioration de la dynamique inflationniste hors éléments volatils.
La dichotomie entre produits libres et encadrés
L'analyse révèle un écart significatif entre les produits à prix libres et ceux soumis à un encadrement. Les produits libres, qui ne bénéficient d'aucune régulation tarifaire, ont augmenté de 6% sur un an, tandis que les produits encadrés n'ont progressé que de 1,6%.
Cette différence est encore plus marquée pour les produits alimentaires. Les produits alimentaires libres ont enregistré une hausse de 6,5%, contre seulement 0,2% pour les produits alimentaires encadrés. Cette dichotomie souligne l'efficacité relative des mécanismes de contrôle des prix mis en place par les autorités tunisiennes, tout en révélant les tensions sur les produits échappant à cette régulation.
L'analyse des contributions à l'inflation globale révèle que deux secteurs portent principalement la dynamique inflationniste. Les produits manufacturés apportent la contribution la plus importante avec 1,9%, suivis des services qui contribuent à hauteur de 1,5%.
Par régime de prix, les produits non alimentaires libres dominent largement avec une contribution de 3%, suivis des produits alimentaires libres qui contribuent à hauteur de 1,6%. Cette répartition confirme que la libéralisation des prix constitue un facteur inflationniste majeur dans le contexte économique tunisien actuel.
Avec un taux d'inflation à 5% en septembre 2025 et une moyenne de 5,5% sur les neuf premiers mois de l'année, la Tunisie continue de faire face à une érosion notable du pouvoir d'achat des ménages. Si la tendance baissière observée depuis plusieurs mois est encourageante, les défis restent importants, notamment concernant les produits alimentaires de base dont les prix restent élevés.
Le contraste marqué entre l'évolution des prix des produits encadrés et celle des produits libres pose la question de l'efficacité et de la pérennité des politiques de régulation tarifaire. Alors que les produits encadrés bénéficient d'une relative stabilité avec des hausses contenues, les produits libres continuent de subir des pressions inflationnistes importantes qui pèsent lourdement sur les budgets des ménages.
La poursuite de la décrue de l'inflation dépendra largement de la capacité à stabiliser les prix des produits alimentaires de base et à contenir les hausses dans le secteur des services, deux domaines qui continuent d'exercer une pression significative sur le coût de la vie.