Les États-Unis baissent leurs taux : le Golfe suit le mouvement

Analyse Boursiére (INTER)
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anis habibi Sep 23, 2024, 9:22 AM

Le mercredi 18 septembre 2024, la Réserve fédérale américaine (Fed) a marqué un tournant majeur dans sa politique monétaire en abaissant ses taux directeurs de 50 points de base, une première depuis mars 2020. Cette décision, largement anticipée par les marchés, a immédiatement déclenché une réaction en chaîne dans les économies du Golfe, illustrant la forte corrélation entre la politique monétaire américaine et celle des pays de la région.


Une baisse synchronisée des taux


La Réserve fédérale américaine (Fed) a réduit son taux directeur à une fourchette de 4,75% à 5%, mettant fin à une série de onze hausses consécutives qui avait débuté en mars 2022. Suite à cette décision, plusieurs banques centrales du Golfe ont rapidement suivi. L'Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis, Oman et Bahreïn ont tous baissé leurs taux de 0,5%, alignant exactement leur décision sur celle de la Fed. Le Qatar a légèrement dépassé cette baisse avec une réduction de 0,55%. Le Koweït a opté pour une réduction plus modérée de 0,25%. La Tunisie, en revanche, n'a pas réagi à cette baisse de taux.




Le "peg" au dollar : clé de voûte de la politique monétaire du Golfe


Cette réaction quasi-instantanée s'explique par l'arrimage des monnaies de la plupart des pays du Golfe au dollar américain, une politique connue sous le nom de "peg". Ce système de taux de change fixe vise à maintenir la stabilité des devises locales, à limiter les fluctuations monétaires et à sécuriser les revenus des exportations d'hydrocarbures, libellées en dollars. Pour ces économies fortement dépendantes du commerce international des hydrocarbures, le maintien de cette parité est crucial. À titre d'exemple, les exportations d'hydrocarbures représentent 81% des recettes fiscales du Qatar et 61% de celles de l'Arabie Saoudite.


Un soulagement pour les économies du Golfe


La baisse des taux américains apparaît comme une bouffée d'oxygène pour les économies du Golfe, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'inflation est bien maîtrisée dans la région. Alors que l'inflation annuelle s'établissait à 3% aux États-Unis et 2,5% en zone euro en juin 2024, les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) affichaient une moyenne de seulement 1,2% selon GCCstat. Ensuite, cette baisse des taux devrait faciliter l'accès au crédit dans la région, soutenant ainsi les efforts de diversification économique. Enfin, la décision de la Fed permet aux pays du Golfe d'assouplir leur politique monétaire sans compromettre la stabilité de leur taux de change.


Perspectives et défis


Malgré les avantages à court terme de cette baisse des taux, les économies du Golfe restent confrontées à des défis structurels. La forte dépendance aux revenus pétroliers, qui représentent jusqu'à 80% des recettes publiques pour certains pays, expose ces économies aux fluctuations du marché pétrolier. Les efforts de diversification économique nécessitent des investissements soutenus, que cette baisse des taux pourrait faciliter.

La décision de la Fed et la réaction rapide des banques centrales du Golfe soulignent l'interconnexion profonde entre la politique monétaire américaine et celle des économies du CCG. Cette synchronisation offre une stabilité à court terme, mais soulève des questions sur l'autonomie monétaire de ces pays à long terme, dans leur quête de diversification économique.





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