L'agence de notation japonaise Rating and Investment Information (R&I) a annoncé vendredi 2 août 2025 le relèvement de la perspective de notation de la Tunisie, passant de "négative" à "stable", tout en maintenant la note souveraine à B-.
Selon l'analyse de R&I, l'économie tunisienne affiche des signes encourageants de reprise. Le PIB réel a progressé de 1,4% en 2024, porté par la normalisation des conditions climatiques après une année difficile et par une demande touristique robuste. Les prévisions pour 2025 tablent sur une croissance comprise entre 1,5% et 2%.
"L'économie tunisienne se redresse progressivement grâce au retour de conditions météorologiques normales et à la vitalité du secteur touristique", souligne le rapport de l'agence.
Cette amélioration se reflète également dans les comptes extérieurs du pays. Le déficit de la balance courante s'est considérablement résorbé, passant de près de 9% du PIB lors du pic des prix énergétiques à seulement 1,7% du PIB en 2024. Cette performance s'explique notamment par l'excédent de la balance des services, alimenté par les revenus touristiques et les transferts de fonds des Tunisiens à l'étranger.
Le gouvernement tunisien poursuit ses efforts d'assainissement budgétaire. Le déficit fiscal a été ramené à 6% du PIB en 2024, avec un objectif de 5,5% pour 2025. Cette amélioration résulte d'une politique de maîtrise des dépenses, particulièrement sur les salaires de la fonction publique, conjuguée à des efforts de mobilisation des recettes fiscales.
La dette publique suit également une trajectoire descendante, représentant 81,2% du PIB en 2024 contre des niveaux plus élevés les années précédentes.
Malgré ces avancées, la Tunisie fait face à des défis structurels importants. Les besoins de financement du gouvernement restent substantiels, estimés à environ 15% du PIB en 2025. Le pays continue de rechercher le soutien d'organismes internationaux, et a également mis en place des lignes de crédit avec la banque centrale pour couvrir une certaine partie des remboursements de dette externe en utilisant les réserves de change. Le gouvernement couvrira tout déficit de financement externe avec un financement domestique en, par exemple, augmentant les emprunts auprès des banques domestiques.
L'agence souligne que "la position budgétaire s'améliore, mais reste vulnérable aux chocs externes avec les déficits jumeaux budgétaires et courants". Pour assurer le remboursement de sa dette à moyen et long terme, la Tunisie devra créer un environnement propice aux activités économiques et aux investissements.
La réélection du président Kaïs Saïed pour un second mandat s'est déroulée sans troubles majeurs, contribuant au maintien de la stabilité politique. Cette continuité institutionnelle constitue un facteur positif dans l'évaluation de R&I, qui note une diminution de l'incertitude concernant le remboursement de la dette.
Les réformes que mettra en œuvre le gouvernement durant ce second mandat présidentiel seront déterminantes pour la trajectoire économique future du pays.
L'agence estime que l'impact direct d'éventuels tarifs douaniers réciproques avec les États-Unis serait limité, compte tenu de la faible part des exportations tunisiennes vers ce marché. Cependant, elle attire l'attention sur les effets indirects potentiels selon l'évolution économique en Europe, principale destination des exportations tunisiennes.