La modernisation des ports tunisiens : clé de la croissance économique future

Des infrastructures portuaires au cœur du développement économique

Le dernier rapport de la Banque mondiale sur la Tunisie intitulé "Meilleure connectivité pour la croissance" révèle un potentiel économique considérable lié à l'amélioration du système portuaire tunisien. Selon Alexandre Arrobbio, directeur du bureau de la Banque mondiale en Tunisie : "La Tunisie continue de faire preuve de résilience dans un environnement mondial et local changeant. L'amélioration de la connectivité, notamment par l'optimisation des services logistiques portuaires, peut être un puissant moteur de création d'emplois et de croissance économique."

Les nouvelles estimations de la Banque mondiale sont particulièrement encourageantes : l'amélioration de la connectivité portuaire et la réduction des temps d'attente pourraient stimuler le PIB de 4 à 5% en seulement 3 à 4 ans. En atteignant les niveaux de connectivité portuaire des pays pairs de la région grâce à des améliorations ciblées des infrastructures, la Tunisie pourrait réaliser des gains de 2,6 à 3,5% du PIB.

Le rapport recommande une stratégie combinant la modernisation des infrastructures (nouvelles terminaux, équipements modernes, amélioration de l'accès aux ports) et des réformes institutionnelles (révision des tarifs portuaires, numérisation des systèmes, renforcement des connexions ferroviaires avec les ports).

Plus ambitieux encore, la transformation de la Tunisie en hub de transit maritime pourrait générer des bénéfices supplémentaires estimés entre 11 et 14% du PIB à long terme.

Perspectives économiques globales en amélioration

L'économie tunisienne devrait croître de 1,9% en 2025, après avoir enregistré une croissance de 1,4% en 2024, principalement soutenue par l'amélioration des précipitations et la stabilisation progressive des secteurs clés. Bien que les industries manufacturières continuent de faire face à des défis, la résilience des secteurs du tourisme et de l'agriculture contribue à cette reprise.

Les prévisions indiquent une stabilisation de la croissance autour de 1,6-1,7% pour la période 2026-2027. Malgré des défis tels que les incertitudes liées au commerce mondial et un financement extérieur limité, la dynamique des réformes et l'atténuation des incertitudes commerciales pourraient améliorer les perspectives à moyen terme.

Inflation et équilibres macroéconomiques

L'inflation a continué de ralentir début 2025, tombant à 5,6% en avril, son niveau le plus bas depuis 2021, se rapprochant des moyennes d'avant la pandémie. L'inflation alimentaire s'établit à 7,3%, influencée par des pressions saisonnières et des contraintes d'offre. En réponse à cette tendance baissière, la Banque centrale tunisienne a réduit son taux directeur à 7,5%, marquant la première baisse des taux d'intérêt depuis plus de deux ans.

Le déficit du compte courant s'est rétréci à 1,7% du PIB en 2024, porté par l'amélioration des termes de l'échange et les recettes touristiques résilientes. Cependant, l'augmentation récente des importations énergétiques et le ralentissement du volume des exportations ont élargi le déficit commercial au premier trimestre 2025, créant quelques défis pour la balance des paiements extérieurs.

Sur le plan fiscal, le déficit a diminué à 5,8% du PIB en 2024, soutenu par la maîtrise des dépenses publiques et la stabilisation des niveaux de subventions.

La transformation du secteur portuaire tunisien apparaît donc comme un levier stratégique pour dynamiser l'économie nationale face aux défis structurels et conjoncturels actuels, tout en renforçant la position du pays dans les échanges commerciaux méditerranéens.