En juillet 2025, l'inflation en Tunisie a légèrement reculé pour atteindre 5,3%, contre 5,4% le mois précédent. Cette baisse modeste témoigne d'une économie qui peine à maîtriser la hausse généralisée des prix, maintenant un niveau d'inflation bien au-dessus des objectifs de stabilité économique.
Le recul de l'inflation s'explique principalement par le ralentissement de la hausse des prix alimentaires, qui ont augmenté de 5,9% en juillet contre 6,4% en juin 2025. Malgré cette amélioration, les Tunisiens continuent de subir des hausses significatives sur leurs produits de première nécessité.
L'analyse détaillée révèle des évolutions contrastées au sein du panier alimentaire. Les légumes frais bondissent de 25,3%, les viandes ovines de 19,1%, et les fruits frais de 15,1%, tandis que les poissons frais enregistrent une hausse de 11%. À l'inverse, quelques produits offrent un répit aux consommateurs avec une chute des huiles alimentaires de 22,9% et un recul des prix des œufs de 4,7%.
Sur le plan mensuel, les prix alimentaires ont légèrement baissé de 0,1% en juillet, grâce notamment au recul des fruits frais de 0,6% et de la viande d'agneau de 0,5%. Cette évolution ponctuelle ne compense cependant pas les fortes hausses accumulées tout au long de l'année.
Particulièrement préoccupante, l'accélération de l'inflation dans les services de santé atteint 4% contre 3,4% le mois précédent. Cette hausse s'explique notamment par l'augmentation des prix des produits pharmaceutiques de 1,3% sur un mois seulement.
Le secteur de la restauration, cafés et hôtels explose avec une inflation annuelle de 11%, tandis que les services de transport progressent de 3,6% contre 3,3% en juin. Les produits manufacturés ne sont pas en reste avec une hausse globale de 5,3%, tirée principalement par les produits d'habillement et chaussures qui s'envolent de 9,2% et les produits d'entretien courant du foyer à 5,3%.
L'inflation sous-jacente, qui exclut les produits alimentaires et l'énergie, a légèrement progressé à 5,6% après 5,5% le mois précédent. Cet indicateur signale des pressions inflationnistes durables dans l'ensemble de l'économie tunisienne, au-delà des seules fluctuations des prix alimentaires et énergétiques.
L'analyse par régime de prix révèle un système économique à deux vitesses. Les produits libres enregistrent une inflation de 6,3% tandis que les produits encadrés ne progressent que de 1,8%. Cette divergence est encore plus marquée dans l'alimentaire avec 6,7% d'inflation pour les produits libres contre seulement 0,5% pour les produits encadrés. Ce dualisme souligne l'efficacité relative du système de subventions mais interroge sur sa soutenabilité budgétaire à long terme.
L'analyse des contributions à l'inflation globale révèle que les produits manufacturés dominent avec une contribution de 2,1%, suivis par les services à 1,6%. Du côté des régimes de prix, les produits non alimentaires libres pèsent le plus lourd avec une contribution de 3,2%, confirmant que l'inflation provient largement des secteurs non régulés de l'économie.
Avec un taux d'inflation maintenu autour de 5,3%, la Tunisie fait face à des défis structurels majeurs. La légère amélioration de juillet ne doit pas masquer les tensions sous-jacentes qui continuent d'éroder le pouvoir d'achat des ménages. La maîtrise des prix alimentaires reste cruciale pour les familles les plus vulnérables, tandis que l'équilibre budgétaire du système de subventions montre ses limites. Des réformes structurelles apparaissent nécessaires pour retrouver une stabilité durable des prix dans une économie tunisienne en pleine transition.