Énergie en Tunisie : léger mieux sur la facture commerciale en Mars 2025

Analyse macro économique
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mannana dbibi mai 9, 2025, 6:23 PM

Le dernier rapport de l'observatoire national de l'énergie et des mines, daté de mars 2025, dresse un panorama détaillé du secteur énergétique tunisien. Les chiffres révèlent des dynamiques contrastées, entre baisse de la production nationale d'hydrocarbures, une dépendance énergétique accrue, mais aussi un léger mieux sur le front de la balance commerciale énergétique, aidé par des facteurs prix internationaux.

Bilan énergétique primaire : ressources en baisse et dépendance accrue

À fin mars 2025, les ressources d'énergie primaire de la Tunisie se sont établies à 0,9 million de tonnes équivalent pétrole (Mtep), marquant une baisse de 6% par rapport à la même période de l'année précédente. Cette diminution est principalement imputable au recul de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel. Conséquence directe, le déficit du bilan d'énergie primaire (en comptabilisant la redevance gaz algérien) s'est creusé, atteignant 1,33 Mtep, soit une hausse de 8% par rapport à fin mars 2024.

Le taux d'indépendance énergétique s'en trouve affecté, baissant à 39% à fin mars 2025, contre 43% un an plus tôt. Si l'on excluait la redevance gazière des ressources nationales, ce taux tomberait même à 31%.

Du côté de la demande, une légère hausse de 2% de la demande d'énergie primaire a été enregistrée, tirée par une augmentation de 4% de la demande en gaz naturel, tandis que la demande en produits pétroliers est restée quasi stable (-0,4%).

Secteur des hydrocarbures : production en berne et défis d'exploration

La production nationale de pétrole brut a connu une baisse notable de 16%, s'établissant à 27,2 milliers de barils par jour en moyenne pour les trois premiers mois de 2025 (contre 32,2 kbbl/j pour la même période en 2024). En volume, cela représente 328 kt, soit une baisse de 5%.

La production de gaz sec commercial a également diminué, quoique plus modérément, de 2% pour atteindre 289 ktep (kilotonnes équivalent pétrole). La redevance sur le transit du gaz algérien, ressource importante, a quant à elle baissé de 15% pour s'établir à 184 ktep.

Sur le front de l'exploration et du développement, le nombre total de permis actifs était de 15 à fin mars 2025. Aucun nouveau forage d'exploration n'a été entamé sur les trois premiers mois de 2025, contre un sur la même période en 2024. Un forage de développement a cependant été initié.

La demande de produits pétroliers est restée stable à 1093 ktep (-0,4%), tandis que celle de gaz naturel a progressé de 4% à 1081 ktep.

Prix de l'énergie et échanges : le brent soulage, le dollar pèse

Le contexte international des prix a offert un certain répit. Le prix moyen du baril de Brent s'est établi à 75,7 dollars pour les trois premiers mois de 2025, soit une baisse de 9% par rapport à la même période en 2024 (83,2 $/baril). De même, le prix moyen du gaz importé a reculé de 10% en dinars (1471 DT/tep-pcs).

Cependant, l'appréciation du dollar face au dinar tunisien (+2%, avec un taux de change moyen de 3,16 DT/$) a partiellement tempéré ces effets positifs.

Malgré ces dynamiques, le déficit de la balance commerciale énergétique a légèrement diminué de 3%, passant de 3021 millions de dinars (MDT) à fin mars 2024 à 2937 MDT à fin mars 2025. Cette amélioration est due à une baisse plus marquée de la valeur des importations (-8%) que celle des exportations (-28%).

Électricité : production nationale stable, la part des renouvelables progresse timidement

La production nationale d'électricité a légèrement augmenté de 1% à fin mars 2025 pour atteindre 4211 GWh. La part des énergies renouvelables (incluant l'autoproduction) dans le mix de production électrique reste modeste mais progresse, représentant 5,5% du total. Le gaz naturel demeure la principale source pour la production électrique (94,5%).

Les achats d'électricité, principalement depuis l'Algérie, ont diminué de 17% (621 GWh). En conséquence, l'électricité disponible pour le marché local a baissé de 2% pour s'établir à 4817 GWh. La pointe de consommation électrique a quant à elle enregistré une hausse de 5%, atteignant 3211 MW.

En conclusion, la Tunisie fait face à des défis structurels concernant sa production d'hydrocarbures et sa dépendance énergétique. Si la conjoncture internationale des prix de l'énergie a offert un léger répit sur la balance commerciale, la vigilance reste de mise, notamment face aux fluctuations du taux de change et à la nécessité d'accélérer la transition vers les énergies renouvelables pour assurer une plus grande souveraineté énergétique.

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