BNA : Un premier semestre 2024 entre résilience opérationnelle et défis structurels

La Banque Nationale Agricole (BNA) a dévoilé ses états financiers intermédiaires pour le premier semestre 2024, révélant une performance contrastée. Le produit net bancaire (PNB) a enregistré une légère progression de 0,5%, s'établissant à 498,755 millions de dinars (MD) contre 496,287 MD au 30 juin 2023.

Cependant, le résultat net de la période présente une image plus nuancée. Avant modification comptable, le bénéfice net s'élève à 132,749 MD, soit une augmentation significative de 47,1% par rapport aux 90,226 MD enregistrés à la même période en 2023. Cette hausse remarquable s'explique principalement par deux facteurs clés. Le premier est la forte progression des revenus du portefeuille d'investissement, qui ont bondi de 41,7%, passant de 169,883 MD à 240,765 MD, grâce notamment à l'augmentation des intérêts sur les Bons du Trésor et les obligations. Le second facteur déterminant est la diminution considérable des dotations aux provisions, qui sont passées de 195,615 MD à 115,726 MD, ce qui a eu un impact positif significatif sur le résultat.

Toutefois, un ajustement comptable important de 40,975 MD, lié à un redressement fiscal pour les exercices 2019 et 2020, vient impacter ce résultat. Après prise en compte de cette modification, le résultat net s'établit à 91,774 MD, ne représentant qu'une hausse de 1,7% par rapport à l'année précédente.

Cette correction comptable résulte d'un accord conclu avec l'administration fiscale dans le cadre de l'amnistie prévue par la loi de finances 2024. La banque s'est engagée à payer 67 MD sur 5 ans, bénéficiant en contrepartie d'un crédit d'impôt de 25,771 MD. Bien que cet arrangement permette à la BNA d'étaler la charge fiscale, il a néanmoins un impact significatif sur ses résultats immédiats.

Au-delà de ces chiffres clés, l'analyse du bilan de la BNA au 30 juin 2024 révèle plusieurs tendances notables. Le total du bilan atteint 20,829 milliards de dinars, marquant une légère progression. Les créances sur la clientèle ont connu une baisse modérée, s'établissant à 13,598 milliards de dinars contre 14,013 milliards un an plus tôt. Cette diminution pourrait refléter une approche plus prudente dans l'octroi de crédits.

En revanche, les dépôts de la clientèle ont connu une hausse importante de 17,5%, atteignant 12,671 milliards de dinars. Cette progression significative témoigne de la confiance des déposants envers la BNA, malgré un environnement économique incertain.

Le portefeuille-titres d'investissement de la banque a également enregistré une croissance remarquable de plus de 30%, passant de 4,734 milliards de dinars au 30 juin 2023 à 6,185 milliards un an plus tard. Cette augmentation s'explique principalement par une hausse significative des BTA d'investissement, qui sont passés de 3,452 milliards de dinars à 4,363 milliards, ainsi que par un doublement des emprunts obligataires, passant de 451 MD à 910 MD..

Néanmoins, la BNA fait face à des défis importants, notamment en ce qui concerne ses engagements envers le secteur public. Les créances sur l'Office des Céréales, s'élevant à 5,519 milliards de dinars, représentent une concentration de risque significative, dépassant le seuil réglementaire de 25% des fonds propres nets. Bien que partiellement refinancées auprès de la Banque Centrale de Tunisie et bénéficiant de garanties de l'État, ces engagements exercent une pression considérable sur la trésorerie de la banque.

La BNA fait preuve de résilience dans un environnement économique complexe, comme en témoignent la légère croissance de son PNB et la forte augmentation des dépôts de la clientèle. Cependant, la banque doit faire face à des défis importants. La concentration élevée des risques sur le secteur public, notamment avec les engagements significatifs envers l'Office des Céréales, ainsi que l'impact du récent redressement fiscal, nécessitent une attention particulière. Ces enjeux soulignent l'importance d'une gestion prudente et d'une approche stratégique pour les périodes à venir.