Une nouvelle enquête du Baromètre arabe, réalisée entre 2023 et 2024 dans le cadre de sa huitième édition, révèle des tendances préoccupantes concernant l'intention d'émigrer dans la région arabe, avec la Tunisie en tête des pays étudiés.
L'étude montre que la Tunisie occupe la première place parmi les pays de la région en termes d'intention d'émigrer, avec 46% des Tunisiens exprimant leur volonté de quitter le pays. Ce taux est le plus élevé jamais enregistré par le Baromètre arabe en Tunisie depuis 2011, où seulement 22% de la population envisageait l'émigration.
Les jeunes Tunisiens sont particulièrement concernés par ce phénomène, avec 71% des 18-29 ans déclarant avoir l'intention d'émigrer. Cette tendance s'observe également dans d'autres pays arabes, mais dans une moindre mesure. Au Liban, 58% des jeunes envisagent de partir, tandis qu'au Maroc et en Jordanie, ce taux est d'environ 55%.
Les facteurs économiques sont les principaux moteurs de l'intention d'émigrer chez les Tunisiens, avec 89% citant cette raison. Ce chiffre est comparable à celui de la Jordanie (90%) et supérieur à celui du Liban (72%) et de la Mauritanie (69%).
Concernant les pays de destination envisagés, la France reste le choix privilégié pour 31% des Tunisiens ayant l'intention d'émigrer, suivie du Canada (20%) et de l'Italie (20%). Cette préférence pour la France s'observe également dans d'autres pays anciennement sous influence française comme le Liban (25%) et le Maroc (23%).
Un aspect préoccupant de l'enquête concerne la propension à l'émigration irrégulière. En Tunisie, 42% des personnes ayant l'intention d'émigrer envisagent de le faire même sans les documents nécessaires. Ce taux est légèrement inférieur à celui du Maroc (53%) mais supérieur à celui de la Palestine (30%) et de la Jordanie (19%).
L'étude met également en évidence que les personnes moins qualifiées et économiquement défavorisées sont plus susceptibles d'envisager l'émigration irrégulière. En Tunisie, l'écart entre les moins éduqués et les diplômés de l'enseignement supérieur atteint 23 points de pourcentage, le plus élevé de la région.
Ces résultats récents soulignent les défis auxquels la Tunisie est confrontée en matière de rétention de sa population, en particulier les jeunes et les personnes qualifiées. Ils mettent en lumière l'urgence de développer des politiques économiques et sociales visant à créer des opportunités locales et à améliorer les conditions de vie, afin de réduire cette forte propension à l'émigration qui pourrait avoir des conséquences significatives sur le développement démographique et économique du pays.